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La police a dispersé jeudi à coups de gaz lacrymogènes des manifestants antigouvernementaux qui marchaient en direction du palais présidentiel pour appeler Omar el-Béchir à quitter le pouvoir, quatre semaines après le début de la contestation.

Après un appel à manifester à Khartoum et dans d'autres villes du pays, jeudi 17 janvier, des Soudanais se sont rassemblés dans le centre de la capitale avant de se diriger vers le siège de la présidence. Mais la police est aussitôt intervenue en tirant des gaz lacrymogènes pour les disperser, selon des témoins.

Déclenchées le 19 décembre par la hausse des prix du pain et des médicaments et les pénuries dans un pays en plein marasme économique, les manifestations se sont transformées en rassemblements quasi quotidiens contre le président Omar el-Béchir. Les populations réclament le départ de ce dernier, au pouvoir depuis trois décennies.

Ces dernières semaines, les rassemblements ont été systématiquement dispersés par la police. Depuis le début des manifestations, 24 personnes sont mortes, selon un bilan officiel. Human Rights Watch et Amnesty International parlent d'au moins 40 morts, dont des enfants et du personnel médical. Environ 1 000 personnes dont des militants, des opposants et des journalistes, ont été arrêtées, selon des groupes de défense des droits de l'Homme.

L'ONU "très préoccupée"

À Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, s'est dite "très préoccupée" par l'"usage excessif" de la force, "y compris l'usage de balles réelles", par les forces de sécurité contre les manifestants au Soudan. "Une réponse répressive ne peut qu'aggraver les griefs", a-t-elle affirmé dans un communiqué, en appelant "toutes les parties à s'abstenir de recourir à la violence". Au-delà de la baisse des subventions du pain, le Soudan fait face à un grave déficit en devises étrangères.

La sécession du Sud en 2011 a en outre privé le Soudan des trois quarts de ses réserves de pétrole et de l'essentiel des revenus de l'or noir. "Les manifestations ne conduiront pas à un changement de pouvoir", a martelé lundi Omar el-Béchir. "Il y a une seule voie vers le pouvoir, et c'est celle des urnes. Le peuple décidera en 2020 qui doit le gouverner", a dit le président, 75 ans, dont une troisième candidature à la présidentielle est pressentie.

En 1964 et 1985, des soulèvements populaires avaient mené en quelques jours à la chute du régime en place. Mais, cette fois, les militants ont encore un long chemin à parcourir, estiment les analystes.

Avec AFP