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Émotion en Allemagne après l'agression d'un élu d'extrême droite

Angela Merkel et les principaux partis allemands ont sévèrement condamné mardi le passage à tabac d'un député de l'AfD. Depuis l'entrée du parti d'extrême droite au Bundestag, la tension des débats politiques s'est intensifiée.

Les commentaires pleuvent depuis l'agression de Frank Magnitz, député national de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). "Cette agression brutale (...) doit être fermement condamnée. Espérons que la police sera rapidement en mesure d'attraper les coupables", a déclaré sur Twitter le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert.

Der brutale Angriff auf den Bundestagsabgeordneten Frank #Magnitz in Bremen ist scharf zu verurteilen. Hoffentlich gelingt es der Polizei rasch, die Täter zu fassen.

  Steffen Seibert (@RegSprecher) 8 janvier 2019

Le chef de l'AfD de la ville-État de Brême a été agressé dans le centre-ville par trois personnes encapuchonnées, a indiqué la police. "Elles lui ont asséné des coups de barre de bois jusqu'à l'inconscience et l'ont ensuite frappé à terre à coups de pied", a affirmé l'AfD. L'élu de 66 ans doit rester hospitalisé toute la semaine. Les forces de l'ordre parlent d'un "acte politiquement motivé".

Visage ensanglanté et tuméfié

L'un des dirigeants nationaux du parti d'extrême droite, Jörg Meuthen, a accusé les agresseurs d'avoir "frappé presque à mort" le député et s'est dit "bouleversé" par cette affaire. Le parti a fermement condamné cette "violence lâche avec intention de tuer Frank Magnitz", désignant des "terroristes d'extrême gauche" comme responsables de l'attaque. L'AfD a également publié sur Twitter une photo de l'élu allongé sur un lit d'hôpital. On le voit le visage ensanglanté et tuméfié, avec une longue et profonde entaille sur le front.

Le parti, devenu en septembre 2017 le premier parti d'opposition à la chambre des députés, a accusé les partis de gauche d'être indirectement responsables de l'agression. Motifs invoqués : leurs critiques répétées de l'extrême droite et leur refus de condamner suffisamment clairement les mouvements radicaux et violents de l'extrême gauche.

Sur ce point, la présidente du parti social-démocrate (SPD) Andrea Nahles a fait une mise au point : "L'AfD est un adversaire politique et s'oppose à notre société tolérante et pacifique. Mais quiconque combat le parti et ses représentants par la violence trahit ces valeurs", a-t-elle dit.

Même son de cloche du côté des Verts : "Rien ne justifie la violence contre l'AfD. Qui combat la haine par la haine, laisse toujours la haine gagner à la fin", a dit un de ses élus les plus en vue, Cem Özdemir.

Tensions au Bundestag

Ce mouvement antimigrants a bouleversé la vie politique jusqu'ici policée du pays, transformant régulièrement les débats parlementaires en affrontements. Au Bundestag, le ton jusqu'ici plutôt consensuel des débats est aussi monté d'un cran avec l'irruption de l'AfD, à coups d'invectives, d'insultes et de rappels à l'ordre. Le mouvement a fait d'Angela Merkel sa cible privilégiée, accusant la chancelière d'avoir faire bondir la criminalité dans le pays en laissant plus d'un million de demandeurs d'asile entrer en Allemagne en 2015 et 2016.

Systématiquement, les députés AfD s'emparent de faits divers dans lesquels sont impliqués des étrangers pour marteler leur message. L'AfD a aussi brisé le tabou de la repentance allemande pour les crimes nazis, en relativisant à de multiples occasions les actes commis à cette période.

Plusieurs attaques contre l'AfD

Ces tensions se répercutent aussi dans la rue, où en marge de manifestations des échauffourées entre partisans de l'extrême droite et opposant d'extrême gauche ont régulièrement lieu.

La police a recensé au moins huit attaques contre des bureaux du mouvement d'extrême droite depuis la mi-décembre dans le pays, selon la chaîne publique ARD. Jeudi dernier, un bureau du parti AfD dans la région de Saxe, un de ses bastions, a été endommagé par la détonation d'un explosif caché dans une poubelle. Les enquêteurs soupçonnent un attentat à motivation politique.

Avec AFP