logo

Décès de la propriétaire du célèbre hôtel Negresco à Nice

La propriétaire du Negresco, palace niçois qui pourrait valoir entre 300 et 400 millions d'euros, est décédée dans la nuit de lundi à mardi. La succession de ce morceau de patrimoine français s'annonce difficile.

Jeanne Augier, la propriétaire du célèbre palace niçois Le Negresco dont la succession s'annonce compliquée, s'est éteinte à l'âge de 95 ans dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 janvier, a-t-on appris auprès de sa tutrice, Laurence Cina-Marro.

Jeanne Augier, placée sous tutelle en 2013 pour la protéger des sollicitations, vivait dans un vaste appartement aménagé dans un étage de l'établissement cinq étoiles dont elle avait contribué à faire la renommée. Elle allait avoir 96 ans le 27 mars.

Contrainte de se déplacer en chaise roulante, elle souffrait de pertes de mémoire qui l'empêchaient de gérer efficacement l'hôtel, placé sous administration judiciaire depuis 2013 après plusieurs décennies d'une direction à l'ancienne, mêlant autoritarisme et paternalisme.

Avec sa façade Belle Époque et sa coupole rose, Le Negresco, dont elle avait héritée de son père en 1957, est l'un des symboles de la Promenade des Anglais, parfois surnommée la tour Eiffel de Nice. Véritable hôtel-musée, il abrite 124 chambres et suites au mobilier éclectique.

Des meubles Empire côtoient des fauteuils années 70 à la coque plastique, des tableaux de coqs gaulois ou une "Grosse nana jaune" de Niki de Saint Phalle. Grande admiratrice de Versailles, collectionneuse compulsive, Jeanne Augier avait accumulé 6 000 oeuvres d'art, faisait porter des "costumes à la française" à ses voituriers et s'était offert un célèbre portrait de Louis XIV.

Dernier palace familial de l'Hexagone resté français

Revenu aux bénéfices alors qu'il tournait à perte en 2011, selon la direction, Le Negresco est le dernier palace familial de l'Hexagone resté français, doté du label "entreprise du patrimoine vivant" valorisant le savoir-faire français.

En raison de sa renommée, il pourrait valoir entre 300 millions et 400 millions d'euros, selon une estimation de 2016, sans compter le mobilier et les œuvres d'art.

Sans descendants, Jeanne Augier avait créé en 2009 un fonds de dotation ("Mesnage-Augier-Negresco") qui devrait gérer son patrimoine. Les bénéfices doivent aller au développement de l'hôtel, à la défense des animaux, aux handicapés et au "rayonnement de l'art français".

Mais sa succession s'annonce compliquée en raison des multiples convoitises et conflits autour de l'hôtel. En 2017, le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre a saisi le tribunal de commerce pour décider de la suite. Une intervention vécue comme une pré-vente déguisée par la direction et les salariés qui ont ensuite obtenu que le dossier soit dépaysé à Marseille.

Une enquête du parquet national financier est également en cours qui a valu à Jean-Michel Prêtre une perquisition le mois dernier à son domicile et à son bureau au palais de justice.

Avec AFP