Le président américain doit se rendre jeudi à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Durant sa campagne présidentielle, il y avait fait un passage remarqué au Texas dans cette zone au cœur de sa rhétorique migratoire.
Il veut la voir par lui-même. Donald Trump va se rendre à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, a annoncé sa porte-parole, lundi 7 janvier. Le président américain cherche à convaincre le Congrès de la nécessité de la prolongation du mur frontalier entre les deux pays. Selon nos informations, le déplacement pourrait avoir lieu dans la vallée du Rio Grande, non loin de l'endroit où il avait effectué un déplacement lors de sa campagne en 2015.
"Le président Donald Trump se rendra jeudi sur la frontière Sud pour rencontrer ceux qui sont sur la ligne de front en matière de sécurité nationale et de crise humanitaire", a déclaré sa porte-parole, Sarah Sanders, sur Twitter.
President @realDonaldTrump will travel to the Southern border on Thursday to meet with those on the frontlines of the national security and humanitarian crisis. More details will be announced soon.
Sarah Sanders (@PressSec) 7 janvier 2019Engagé dans un bras de fer avec les démocrates qui a provoqué la fermeture partielle des administrations fédérales depuis plus de deux semaines, Donald Trump martèle qu'il ne lâchera pas sur un point : le déblocage de plus de 5 milliards de dollars pour édifier le mur promis en campagne afin de lutter contre l'immigration clandestine.
"Nous devons construire le mur. Il s'agit de la sécurité de notre pays (...) Nous n'avons pas le choix", a-t-il lancé dimanche, affirmant être prêt à ce que ce mur soit fait d'acier et non de béton, si cela permettait de débloquer les négociations.
Le président américain a annoncé sur Twitter qu'il prononcerait une allocution sur cette "crise" mardi soir.
I am pleased to inform you that I will Address the Nation on the Humanitarian and National Security crisis on our Southern Border. Tuesday night at 9:00 P.M. Eastern.
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 7 janvier 2019Un déplacement au Texas ?
Si le lieu et le programme précis du déplacement n'ont pas encore été annoncé, quelques indices laissent à penser que Donald Trump se rendra dans la vallée du Rio Grande, à l'extrémité est de la frontière.
"Ce n'est pas encore confirmé, mais tous les signes pointent vers la vallée du Rio Grande et McAllen", explique Oscar Margain, journaliste americano-mexicain, chargé du suivi de la frontière pour une chaîne de télévision de la région, à France 24. "Il a dit le jour de Noël qu'il se rendrait au Texas avant le discours sur l'État de l'Union. C'est dans trois semaines. De plus, c'est ici que les travaux pour les nouvelles sections du mur ont commencé."
Enfin, une dernière indication qui tend à prouver que le président sera dans la région : un communiqué des autorités aériennes déclarent qu'un VIP (une personne d'importance) serait dans la région jeudi et que le trafic aérien pourrait s'en trouver limité ou perturbé.
La frontière, un rocambolesque déplacement de campagne
Ce serait la deuxième fois que Donald Trump se rend sur les rives du Rio Grande, le fleuve frontalier, dans le but d'inspecter la frontière. Il s'y était rendu en juillet 2015, un mois après sa fracassante annonce de candidature en affirmant que le Mexique "envoyait des gens ayant des tonnes de problèmes et qu'ils ramenaient leurs problèmes avec eux. Ils amènent des drogues. Ils amènent la criminalité. Ce sont des violeurs. Et d'autres, je suppose, sont des bonnes personnes."
Après ce discours, il avait reçu une invitation d'un syndicat de la police des frontières à Laredo, au Texas. Au vu des déclarations de celui qui était alors simple candidat à la présidence, la proposition avait fait scandale dans cette petite ville de 260 000 habitants, dont plus de 90 % d'Hispaniques. Devant le tollé, l'invitation du syndicat avait été retirée, mais le milliardaire avait quand même fait le déplacement.
Rues bloquées, dispositif de sécurité démesuré, intense couverture médiatique… Le passage du candidat avait été très remarqué, d'autant que Donald Trump n'avait cessé de dramatiser à grands renforts de petites phrases sur l'insécurité supposée de la zone. Il avait affirmé se rendre sur place "malgré le grand danger" qu'il courrait. "Je dois le faire, j'aime mon pays", avait-il déclaré devant un parterre de journalistes. "Je vous reverrai bientôt… avec un peu de chance." Pourtant, Laredo est l'une des villes plus sûres des États-Unis.
Pete Saenz, le maire indépendant de la ville, garde un souvenir mitigé de ce passage : "Ce n'est mais moi qui l'ai invité mais je l'ai reçu, c'est mon devoir de recevoir tout le monde. En démocratie, nous avons le droit d’être en accord ou en désaccord, tout le monde peut exprimer ses idées", expliquait-il à France 24 lors d'une interview en octobre 2018. "C’était aussi une opportunité pour lui expliquer à quoi ressemble réellement la vie à la frontière. Nous lui avons expliqué l’importance du commerce pour notre ville. Nous lui avons aussi parlé du mur, de ce qu’il impliquerait. Je lui ai dit que nous avions déjà le Rio Grande comme barrière naturelle et qu'il était important un équilibre entre la nécessité de la sécurité et le commerce."
En tant que président des États-Unis, Donald Trump ne s'était jusqu'ici rendu qu'une seule fois dans la zone frontalière, en mars 2018. Il avait entamé une tournée en Californie par l'inspection des huit prototypes de mur frontalier près de San Diego.