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Venezuela : le Parlement déclare illégitime le nouveau mandat de Maduro

Le Parlement vénézuélien, aux mains de l'opposition, a déclaré samedi illégitime le nouveau mandat du président Nicolas Maduro, qui doit débuter le 10 janvier. Une décision toutefois symbolique, l'institution ayant été vidée de ses pouvoirs.

Le Parlement vénézuélien a déclaré, samedi 5 janvier, "illégitime" le nouveau mandat du président Nicolas Maduro qui doit débuter le 10 janvier, promettant d'encourager un "gouvernement de transition" et des "élections libres". Un vote qui n'a toutefois qu'une portée symbolique car, depuis début 2016, la Cour suprême, réputée proche du pouvoir, a déclaré nulles toutes les décisions adoptées par le Parlement.

Nicolas Maduro, 56 ans, a été réélu le 20 mai pour un nouveau mandat de six ans à l'issue d'une élection contestée. Les principaux partis d'opposition avaient boycotté le scrutin marqué par une forte abstention.

"Nous réaffirmons le caractère illégitime de Nicolas Maduro [...]. À partir du 10 janvier il usurpera la Présidence et cette Assemblée nationale est en conséquence la seule représentation légitime du peuple", a déclaré le nouveau président de l'Assemblée, Juan Guaido.

Desde hoy asumimos la responsabilidad de proponer, sumar y consultar con todos los sectores, organizaciones y liderazgos la ruta hacia la libertad. Es por eso que, Nicolás este 10 de enero desde la legítima @AsambleaVE no te vamos a juramentar. pic.twitter.com/G4cJdaHVQ8

  Juan Guaidó (@jguaido) 5 janvier 2019

Juan Guaido s'est également engagé à "mettre en place les conditions nécessaires à un gouvernement de transition et à convoquer des élections libres".

Le responsable parlementaire, qui a estimé par ailleurs que la chaîne de commandement militaire – principal soutien de Maduro – était "rompue ou usurpée", a appelé les forces armées à soutenir les efforts pour "restaurer la démocratie" au Venezuela, en proie à l'une des pires crises économiques de son histoire.

L'assemblée parlementaire vénézuélienne avait échoué, en janvier 2017, à obtenir le départ anticipé du chef d'État socialiste pour "manquement aux devoirs" de sa fonction.

"Nos mains sont liées"

"Rien ne sortira de l'assemblée qui puisse avoir le moindre impact", a estimé Peter Hakim, du centre d'analyses du Dialogue Interaméricain (IAD), assurant qu'elle avait été "dépouillée de son pouvoir et de son autorité". "Nos mains sont liées", a reconnu également la députée vénézuélienne d'opposition Delsa Solorzano.

Juan Guaido a néanmoins déclaré que l'opposition prévoyait d'autres actions – qu'il n'a pas détaillées – pour forcer Nicolas Maduro à quitter le pouvoir.

Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole du monde, est asphyxié par une profonde crise économique et se trouve sous le coup de sanctions financières des États-Unis. Les difficultés économiques ont poussé à l'exil quelque 2,3 millions de personnes depuis 2015 (7,5 % d'une population de 30,6 millions d'habitants).

Le vote du parlement est intervenu au lendemain d'une décision dans le même sens des pays du Groupe de Lima, à l'exception du Mexique, qui avaient indiqué vendredi qu'ils ne reconnaîtraient pas le deuxième mandat du président vénézuélien.

A l'issue d'une réunion, 12 pays d'Amérique latine et le Canada avaient ainsi signé une déclaration destinée à coordonner des mesures à l'encontre du pouvoir de Caracas. Seul le Mexique, dirigé par le président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, n'a pas signé.

Avec AFP