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Face à la colère des Gilets jaunes, l'exécutif fait voter au pas de course des mesures d'urgence, examinées jeudi et vendredi au Parlement. Une précipitation inédite critiquée par l'opposition, que la majorité justifie par l'ampleur de la crise.
Après avoir adopté au pas de course jeudi matin le projet de budget 2019 – qui comprend des baisses d'impôts et de la dépense publique –, le Parlement entame un sprint pour voter des mesures sociales d'urgences en réponse à la crise des Gilets jaunes.
Les députés n’ont que 48 heures pour débattre de leurs 1 200 amendements et les voter.
"Nous sommes soumis à un rythme d’examen inédit, jamais on n’avait travaillé le budget dans une telle précipitation", regrette la députée LR du Doubs Annie Genevard, jointe par France 24.
Cette année, le "marathon budgétaire" s'est doublé "d'une course de haies", note de son côté le sénateur LREM Julien Bargeton.
Les annonces sociales tous azimuts d'Emmanuel Macron, pour éteindre le feu de la contestation des Gilets jaunes, ont bouleversé le programme des parlementaires, qui ont envisagé de siéger entre Noël et jour de l'An pour la première fois depuis 1979.
Cette hypothèse est désormais écartée, au prix d'un programme express, après des semaines qui ont vu le gouvernement camper sur ses positions face à la colère des Gilets jaunes. Les députés s'attaqueront jeudi après-midi au texte sur les "mesures d'urgence économiques et sociales" présenté mercredi en Conseil des ministres et déjà rebaptisé par certains "loi Gilets jaunes". Le texte sera examiné vendredi au Sénat.
"Prime exceptionelle" de 1 000 euros
Défendu par les ministres Agnès Buzyn (Santé) et Muriel Pénicaud (Travail), le projet de loi comprend en quatre articles la défiscalisation des heures supplémentaires, une exonération élargie de la hausse de la CSG pour des retraités et la possibilité pour les entreprises de verser une "prime exceptionnelle" de 1 000 euros, exonérée de toute charges sociales et d'impôt sur le revenu, pour leurs salariés rémunérés jusqu'à 3 600 euros.
Le rapporteur Olivier Véran (LREM) voit des mesures faisant "globalement consensus". Les Républicains voteront pour ou s'abstiendront. Le Rassemblement national envisage un vote favorable.
À l'autre bord, les socialistes ne s'opposeront pas au texte, contrairement aux communistes et aux Insoumis.
Micmac et tollé
Les oppositions sont aussi méfiantes, après la volte-face de Matignon mardi. L'exécutif avait annoncé dans l'après-midi l’annulation d'une partie des mesures concédées aux Gilets jaunes mi-novembre (élargissement du chèque énergie, doublement de la prime à la conversion...) , avant de faire machine arrière dans la soirée face au tollé. Un micmac imputé par la macronie à la haute administration, Bercy en tête.
"On navigue à vue, le bateau n'est pas tenu, déplore ainsi Annie Genevard. On a le sentiment d'un cafouillage permanent, au gré des pressions des uns et des autres, et au final les mesures que nous allons examiner ne sont même pas celles annoncées aux Français par le président – l'augmentation annoncée du Smic se traduisant dans les faits par une hausse de la prime d'activité."
Pour Thierry Solère, député LREM, cette rapidité était au contraire nécessaire pour apporter une réponse urgente, à la hauteur des colères exprimées par les Gilets jaunes. "Cela a pu créer quelques allers-retours, mais au regard de l'enjeu, c'est anecdotique. Nous avons entendu les Français, il faut désormais adopter les mesures annoncées au plus vite pour qu'elles soient effectives dès le début de l'année 2019", a plaidé l'élu des Hauts-de-Seine, contacté par France 24.
Sur le terrain, les démantèlements de campements de Gilets jaunes se sont poursuivis en milieu de semaine, malgré la détermination affichée par certains, prêts à continuer le mouvement pendant les fêtes. Quelle sera la mobilisation vendredi, jour où certains voudraient célébrer l'anniversaire d'Emmanuel Macron, et samedi, jour de départ en vacances ?
Le gouvernement a par ailleurs accordé dans la nuit de mercredi à jeudi une revalorisation salariale pour la police, qui commençait elle aussi à donner de la voix après avoir dû se mobiliser en masse face aux Gilets jaunes.
Mouvement hautement inflammable
Exécutif et parlementaires de la majorité préparent activement l'étape d'après : le "grand débat" national qui doit commencer en janvier et devra déboucher au printemps sur "des décisions très concrètes, en fonction des consensus identifiés", selon le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Mais sans "détricoter" les décisions prises depuis 18 mois.
La majorité sait qu'elle doit répondre à un mouvement hautement inflammable qui bénéficie toujours de l'approbation de 70 % des Français, selon un dernier sondage Elabe. Et qui a plombé la popularité d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe. Cette popularité s'est cependant stabilisée : le chef de l'État et le Premier ministre enregistrent respectivement 27 % et 30 % de bonnes opinions après ces annonces, selon une enquête BVA parue jeudi.
Avec AFP