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Attentat de Strasbourg : une 5e personne en garde à vue, la traque continue

La police a diffusé un appel à témoins pour tenter d'interpeller l'auteur présumé de la fusillade de Strasbourg, qui a fait trois morts. Plus de 700 policiers sont mobilisés pour localiser Chérif Chekatt. Le marché de Noël réouvrira vendredi.

Une troisième victime de l'attentat perpétré mardi sur le marché de Noël de Strasbourg a succombé à ses blessures, a annoncé, jeudi, le parquet de Paris jeudi 13 décembre. Une quatrième victime est en état de mort cérébrale.

"Le bilan, toujours provisoire, est désormais établi à trois personnes décédées, cinq blessés graves et huit blessés légers", a pour sa part précisé la préfecture du Bas-Rhin.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé jeudi soir à Strasbourg la réouverture vendredi du marché de Noël, fermé depuis l'attentat.

"Le consensus (avec les élus locaux) s'est fait sur cette réouverture à partir de demain", a déclaré Christophe Castaner, estimant que "ne pas rouvrir le marché de Noël serait céder à l'obscurantisme de ceux qui détestent notre pays".

Le tueur présumé, Cherif Chekatt, 29 ans, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, reste introuvable à ce stade malgré la mobilisation de plus de 700 policiers et gendarmes lancés à sa recherche.

Une 5e personne a été placée en garde à vue jeudi en fin de mâtinée, a indiqué le parquet de Paris.

Cet homme est issu de l'entourage du suspect toujours en fuite, mais ne fait pas partie de sa famille, a précisé cette source. Les parents de Cherif Chekatt et deux de ses frères avaient déjà été placés en garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi.

Une importante opération policière engageant le Raid est en cours depuis jeudi après-midi dans le quartier du Neudorf à Strasbourg où la trace du tireur présumé de l'attentat du marché de Noël s'était perdue deux jours plus tôt.

Des policiers lourdement armés et protégés par des boucliers progressent groupés, pénétrant dans des maisons, armes automatiques au poing rue d'Epinal.

"Il  s'agit d'une levée de doute comme il y en a eu plusieurs depuis 36 heures. Cela n'est pas un signalement et cela ne veut rien annoncer, laissons l'enquête se poursuivre", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, devant le Sénat.

"Attention, individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même", avait mis en garde la police dans un avis de recherche, décrivant un individu de 1,80 m, "peau mate", "corpulence normale" et "marque sur le front". Toute personne en possession "d'informations permettant de le localiser" est appelée à composer le 197.

Le marché de Noël, qui attire chaque année 2 millions de touristes, a été fermé mercredi et doit le rester jeudi. Avec Cherif Chekatt toujours en fuite, le préfet estime que les conditions de sécurité ne sont pas suffisantes pour une réouverture.

La vive inquiétude de la population a fait que les rues de Strasbourg sont restées désertes mercredi. Le préfet a tenté de rassurer, insistant sur le fait que la ville serait quadrillée par les forces de l'ordre. Et il a souligné n'avoir "pas relevé de faille dans le dispositif" de sécurité en place autour du marché de Noël mardi, jour de l'attaque.

L'ensemble des équipements culturels et sportifs de la ville doivent en revanche rouvrir jeudi. Un temps de prière œcuménique est prévu à 18 h 00 à la cathédrale. Sur la place Kléber, des passants ont aussi commencé à rendre hommage aux victimes par des inscriptions "Je suis Strasbourg", des bougies et des pétales de roses.

Des forces de l'ordre mobilisées par centaines

Né à Strasbourg et fiché S ("Sûreté de l'État") pour sa radicalisation islamiste, Cherif Chekatt, 29 ans, a un passé judiciaire très lourd avec déjà pas moins de 27 condamnations. Il est soupçonné d'avoir ouvert le feu mardi peu avant 20 h 00 dans des rues commerçantes du centre historique de Strasbourg, à quelques mètres du grand sapin du célèbre marché de Noël.

L'assaillant, doté d'une arme de poing et d'un couteau, a ensuite échangé des tirs avec les forces de l'ordre, qui l'ont blessé au bras. Dans des circonstances encore floues, l'assaillant a réussi à prendre un taxi pour se rendre dans le quartier du Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu'il ne disparaisse. Au total, 720 membres des forces de l'ordre sont actuellement à sa recherche.

Des témoins ont entendu l’assaillant crier "Allah Akbar", et la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie des faits.

L’Allemagne et la Suisse en alerte

L'assaillant compte 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droit commun. "Il a déjà été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l'administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015", a rappelé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. L'assaillant était inscrit au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et faisait "l'objet d'un suivi de la DGSI", a-t-il ajouté.

Il devait être interpellé par les gendarmes mardi matin, dans le cadre d'une enquête de droit commun, le jour de la fusillade donc, mais a échappé à cette arrestation.

Près de 36 heures après les faits, il n'est même pas sûr que Cherif Chekatt soit encore en France. Les enquêteurs ont ainsi pensé un moment qu'il pouvait avoir passé la frontière et s'être réfugié à Kehl, juste de l'autre côté du Rhin, mais une intervention des polices française et allemande n'a pas permis de retrouver sa trace mercredi matin.

Les autorités françaises "sont bien entendu en lien avec les autorités allemandes", a repris le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx. La Suisse, à 130 kilomètres au sud de Strasbourg, a également renforcé ses mesures de sécurité à la frontière.

En décembre 2016, l'auteur de l'attentat contre le marché de Noël de Berlin, qui avait fait 12 morts et 48 blessés avec un camion-bélier, avait été tué quelques jours plus tard bien loin du lieu de son forfait, lors d'un contrôle de police à Milan, dans le nord de l'Italie.

Le gouvernement appelle les Gilets jaunes à ne pas manifester

Par la voix de son porte-parole, le gouvernement a appelé, jeudi matin, les Gilets jaunes à ne pas manifester samedi. Maintenant que leur colère s'est "exprimée", "a été entendue" par le gouvernement, et qu'il y a "répondu", "ce que nous vous demandons, en responsabilité, c'est d'être raisonnables samedi et de ne pas aller manifester", a déclaré Benjamin Griveaux sur la chaîne Cnews.

"Il n'est pas raisonnable de manifester", a-t-il insisté, car "nos forces de l'ordre et de sécurité ont été mises à contribution énormément ces dernières semaines", et "au regard" de l'attentat de Strasbourg, "il serait préférable que ce samedi chacun puisse, de manière apaisée, vaquer à des occupations d'un samedi avant les fêtes de famille de fin d'année plutôt que de manifester et mettre à nouveau à contribution nos forces de l'ordre".

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a également jugé qu'il serait "de bon ton" que les Gilets jaunes ne manifestent pas samedi "pour ne pas surcharger la barque des policiers" après l'attentat de Strasbourg. "C'est à ceux qui organisent de dire ce qu'ils entendent faire. Mais on voit bien l'extrême fatigue des policiers, de ces agents publics", a-t-il déclaré sur RFI.

Avec AFP