
Au lendemain du troisième week-end de mobilisation des Gilets jaunes en France, émaillé de violences, France 24 revient sur l'audition du ministre de l'Intérieur devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
Les ministre et secrétaire d'État à l'Intérieur Christophe Castaner et Laurent Nuñez ont été auditionnés, lundi 3 décembre, sur les violences survenues lors des manifestations des Gilets jaunes, deux jours plus tôt.
Christophe Castaner a qualifié d'"extrêmement grave", d'"indigne" et de "honteux" le déchaînement de violence de samedi, en marge des manifestations des Gilets jaunes, en particulier à Paris. Pendant plus d'une heure devant la Commission des Lois de l'Assemblée nationale, il a rendu hommage aux forces de l'ordre dont la vie était selon lui menacée et a souligné la difficulté de répondre à un mouvement sans leader ni structure.
"Volonté de tuer"
Depuis le début du mouvement des "Gilets jaunes", entamé le 17 novembre dans toute la France, le bilan est de trois morts, 1 032 blessés dont 39 graves, a dit Christophe Castaner. Les premières condamnations sont tombées lundi : des peines de trois à huit mois de prison avec sursis, parfois assorties d'une interdiction temporaire de venir à Paris. Mais aussi quelques peines de plusieurs mois de prison ferme, dont certaines non aménageables, donc avec maintien en détention.
Interrogé sur les destructions à l'Arc de Triomphe, où des graffitis ont souillé les murs extérieurs et où des salles d'exposition ont été saccagées, Christophe Castaner a expliqué que les policiers avaient eu raison de ne pas aller au contact des auteurs de violences.
"Jamais comme ministre de l'Intérieur et tant que je le serai, je n'accepterai l'idée que pour sauver un bâtiment, même avec la puissance symbolique de l'Arc de Triomphe, un policier meure", a-t-il dit. "Je ne reprocherai jamais aux hommes qui ont reculé d'avoir reculé, car il en allait de leur vie."
Alors que l'exécutif tente d'apporter des réponses aux racines de la contestation, liées au pouvoir d'achat, Christophe Castaner a dit la difficulté pour le gouvernement de faire face à un mouvement non structuré, sans leader ni représentants.
"Je retiens l'incapacité du mouvement à se structurer, à faire émerger un ou deux leaders capables de dialoguer avec les institutions, capable d'organiser la sécurité des manifestations", a-t-il dit. "Il n'y a pas d'organisateur, il n'y a pas de déclaration, il n'y a pas de responsabilité. L'État se retrouve seul à gérer un mouvement totalement désorganisé avec toute la difficulté que cela implique."
Avec Reuters