En marge des commémorations du centenaire de l'armistice, le premier Forum pour la Paix s'est tenu à Paris. En présence de la chancelière allemande et du secrétaire général de l'ONU, Emmanuel Macron a mis en garde contre le retour du nationalisme.
Quelques heures après les commémorations internationales organisées à l'occasion du centenaire de l'armistice du 11-novembre, le président français Emmanuel Macron a ouvert dimanche 11 novembre le premier Forum de Paris sur la paix.
"L'histoire retiendra sans doute une image, celle de 84 chefs d'État et de gouvernement [et dirigeants d'organisations internationales] réunis, alors qu'hier ils représentaient des nations belligérantes",a-t-il déclaré dans la grande Halle de la Villette en faisant référence à la cérémonie de l'Arc de Triomphe. "Mais ce qui demeure incertain pour l'avenir, c'est la façon dont sera interprétée cette image. Sera-t-elle le symbole éclatant d'une paix durable entre les nations, ou au contraire la photographie d'un dernier moment d'unité, avant que le monde ne sombre dans un nouveau désordre ?", a-t-il questionné. "Et cela ne dépend que de nous".
"Ce forum de Paris pour la paix a pour vocation chaque année de réunir les uns et les autres pour promouvoir des actions concrètes, pour que ce travail de paix avance un peu plus chaque année", a-t-il résumé pour promouvoir cet événement qui devrait avoir lieu désormais chaque année. Il pourrait être renouvelé dès le 14 juillet 2019.
"Il faut que nous nous battions pour la paix"
Cent ans après une guerre fratricide qui a déchiré l'Europe et fait près de 10 millions de morts parmi les soldats et plus de 8 millions chez les civils, le chef d'État français a voulu proposer un moment d'échanges pour rappeler la nécessité de défendre et de renforcer le multilatéralisme mondial. Pendant trois jours, ce forum va rassembler tous les acteurs de la gouvernance mondiale : États, organisations internationales, ONG et fondations ou encore groupes citoyens. "Il y a cent ans, nous n'avons pas réussi à gagner la Paix, car la France et l'Allemagne ont continué à se diviser", a ajouté Emmanuel Macron. Symboliquement, le forum a donc été ouvert conjointement par la chancelière allemande Angela Merkel. Dans son discours, elle a aussi rappelé la période sombre qu'a vécu l'Europe, il y a cent ans : "cette guerre montre où conduit la suffisance nationale et l'arrogance militaire".
"Un siècle plus tard, nous nous souvenons des victimes, des femmes, des enfants et des soldats tombés sur le front. Nous devons nous demander ce que cela représente pour nous", a déclaré Angela Merkel qui s'est dite inquiète de la situation actuelle dans le monde. "La paix que nous avons aujourd'hui, qui nous paraît parfois évidente, est loin d'être évidente. Il faut que nous nous battions pour elle".
"Le projet européen de paix est de nouveau remis en question. Certains sont prêts à faire prévaloir leurs intérêts propres même en usant de la violence", a précisé la chancelière allemande qui a également évoqué le conflit syrien, mais aussi la guerre au Yémen, "la plus grande catastrophe humanitaire actuelle". "Le mutisme a été l'une des raisons qui a conduit à la catastrophe, à la Première Guerre mondiale", a-t-elle insisté en demandant aux dirigeants mondiaux d'agir.
La nécessité du multilatéralisme
À sa suite, le secrétaire général des Nations unies a lancé un plaidoyer en faveur du multilatéralisme. "Le multilatéralisme n'est pas une espérance, mais plus que jamais une nécessité", a défendu Antonio Gutteres., avant de mettre en garde contre un "engrenage" géopolitique semblable à celui qui mena à la Première Guerre mondiale et à celui des années 1930. "Bien des éléments aujourd'hui me semblent emprunter et au début du XXe siècle, et aux années 1930, laissant craindre un engrenage invisible", a-t-il expliqué
Présent lors de la cérémonie à l'Arc de Triomphe, le président américain Donald Trump a en revanche choisi de ne pas assister à ce forum. À la place, il s'est rendu au cimetière américain de Suresnes (Hauts-de-Seine), juste à côté de Paris, pour rendre hommage à ses concitoyens tombés au front. Le président russe Vladimir Poutine était lui en revanche présent au Forum.