
Emmanuel Macron entame, lundi, une semaine d'"itinérance mémorielle", en hommage aux poilus. Mais au-delà des commémorations, ce sera également l'occasion pour le chef de l'État de se lancer dans une opération de séduction auprès des Lorrains.
C’est une lourde bataille qu’Emmanuel Macron va tenter de livrer cette semaine : reconquérir le cœur des Français dans un contexte d'insatisfaction générale. Au lendemain de son passage à Strasbourg, le chef de l'État démarre son "itinérance mémorielle", lundi 5 novembre, en Lorraine, pour rendre hommage aux poilus. Mais ce déplacement, – le plus long de son arrivée au pouvoir il y a un an et demi –, a aussi une forte connotation politique et sociale à un moment où le président cherche à retisser le lien avec les Français, désormais nettement majoritaires à désapprouver sa politique, selon les sondages.
"Souffrez en silence"
Le chef de l'État a donc prévu de rencontrer les élus et les habitants de ces territoires, frappés par le chômage. Le Conseil des ministres sera délocalisé pour l'occasion mercredi à Charleville-Mézières (Ardennes).
Les motifs de mécontentement sont nombreux : chômage, hausse du prix du carburant, problèmes d'accès aux soins ou encore pauvreté et baisse du pouvoir d'achat.
Interrogé sur ce dernier point par les journaux du groupe Ebra, Emmanuel Macron explique comprendre et "respecter" les doutes sur le pouvoir d'achat. "Je ne dis pas comme par le passé, ' Souffrez en silence, ça va aller mieux'. Non, on entend ça depuis trop longtemps. Nous agirons notamment en supprimant les cotisations salariales sur la maladie et le chômage ou en supprimant la taxe d’habitation."
"Plus profondément, je crois qu’une partie de la population doute en disant : ' On me demande trop de m’adapter à un monde que je ne connais pas et c’est insupportable', ça il faut l’entendre", a-t-il poursuivi.
Pétition
La contestation contre l’augmentation des prix des carburants, forte notamment d’une pétition signée par plus de 700 000 personnes, s’est récemment cristallisée autour d’un appel au blocage des routes le 17 novembre prochain.
Le budget 2019 prévoit d’augmenter les taxes sur le gazole de plus de 6 centimes d’euros par litre, et celles sur l’essence de près de trois centimes. L’exécutif exclut de transiger sur cette fiscalité "verte" mais promet de revaloriser les aides aux particuliers. "J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail", a également soutenu Emmanuel Macron. "Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant réclament aussi qu’on lutte contre la pollution de l’air parce que leurs enfants souffrent de maladies".
Le chef de l'État annonce également avoir demandé au gouvernement, dans le cadre de la loi Mobilité, de "trouver des solutions pour qu’avec les employeurs, les salariés qui doivent utiliser au quotidien leur voiture puissent être aidés davantage."
Avec Reuters et AFP