Comme tous les 21 juin, des millions de personnes à travers le monde vont célébrer la Fête de la musique. Si on attribue souvent sa création à Jack Lang, l'ancien ministre de la Culture français n’en est pourtant pas l’inspirateur.
Le 21 juin 1982, devant les caméras des télévisions françaises, Jack Lang joue quelques notes de piano pour donner le coup d’envoi de la première édition de la Fête de la musique. La veille au soir, au JT d'Antenne 2, le ministre de la Culture déclarait : "Il faut poursuivre la démocratisation de la musique", avant d’inciter les musiciens amateurs comme professionnels à descendre dans la rue pour jouer entre 20h30 et 21h. Cette année là, 1 million de Français répondront à l’appel.
35 ans plus tard, la Fête de la musique bat son plein chaque 21 juin en France, et dans près de 400 villes autour du monde de New-York à Stockholm en passant par Medellin et Québec. Oui mais voilà, si l’honneur revient à chaque fois à Jack Lang, l’homme politique n’est pas vraiment l’inventeur de la Fête de la musique.
"Il a ressorti le projet des cartons"
En 1976, un certain Joël Cohen, luthiste américain et assistant du directeur de France Musique à Paris, proposait déjà d’inciter les gens à jouer dans la rue, d’en faire une captation et de diffuser ces concerts "sauvages" toute une nuit à l’antenne pour "créer de la sympathie pour France Musique", se souvient-il dans une interview accordée à TV5 Monde en 2014. La Fête de la musique était née, mais s’appelait à l’époque "les Saturnales" en référence aux grandes fêtes de l’antiquité romaine organisées au moment des solstices d’hiver et d’été.
"En 1981, Maurice Fleuret, qui était parmi nous au moment de la première en 1976, était devenu directeur de la musique au ministère de la Culture. Il a ressorti le projet des cartons et cela a eu le succès que l’on connaît", raconte Joël Cohen. Pourtant lui n’a jamais été cité par Jack Lang et son équipe.
Il aura fallu attendre le 21 juin 2015, dans l’émission Comme si c’était hier de la Radio Télévision Suisse, pour que Jack Lang évoque Joël Cohen. Ou plutôt pour qu’il découvre l’existence de Joël Cohen, selon ses dires : "On peut regretter qu’il n’ait pas été associé à cet événement dont il est un inspirateur ancien. Moi je ne le savais pas, vous me l’apprenez".
S’il est ravi de voir son "rêve" se réaliser chaque 21 juin depuis 35 ans et veut "éviter toute amertume", Joël Cohen n’a aujourd’hui qu’un seul regret : "Quand un père fait un enfant, et qu’il est fier de son beau bébé, il aimerait bien être reconnu". Promis Joël, on pensera fort à toi en écoutant beugler dans son micro le wannabe hardrocker qui squattera le trottoir devant chez nous ce 21 juin.
– Article initialement publié le 20 juin 2016.
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