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Les camps de Karzaï et d'Abdullah revendiquent chacun la victoire

Au lendemain du premier tour de la présidentielle, le camp du chef de l'État sortant, Hamid Karzaï, et celui de son principal rival, Abdullah Abdullah, ont crié victoire. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant septembre.

Les camps des deux principaux candidats à l’élection présidentielle afghane, le chef de l’État sortant, Hamid Karzaï, et son ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, n’ont pas attendu la fin officielle du dépouillement pour crier victoire chacun de leur côté.

Le directeur de campagne de Karzaï, Deen Mohamed, a ainsi affirmé, vendredi matin, que les résultats partiels annonçaient une "large victoire" dès le premier tour pour le président sortant. En Afghanistan, la majorité absolue est requise pour être élu dès le premier tour.

Dans la foulée, l’équipe de campagne de son rival Abdullah Abdullah a contesté ces résultats. Interrogé par FRANCE 24, le directeur de campagne d’Abdullah, Fazal Sancharaki, affirme que "la déclaration faite par le bureau de Karzaï est fausse". Selon lui, "les résultats obtenus, grâce aux observateurs de son camp présents dans les bureaux de vote, montrent qu’Abdullah Abdullah est crédité de 61 % à 62 % des voix, contre 32 % pour Karzaï".

  
Le président américain Barack Obama a estimé vendredi que ces élections étaient "un important pas en avant dans les efforts du peuple afghan pour prendre en main son avenir, malgré des extrémistes violents qui tentent de leur barrer la route".
 

"Ces chiffres n’ont qu’une valeur anecdotiques"

Les analystes expliquent qu’une fois dépouillée, la totalité des bulletins sera transférée aux centres régionaux. Un nouveau décompte aura alors lieu avant l’annonce des résultats officiels. “Tous les chiffres qui circulent fluctuent ; ils n’ont qu’une valeur anecdotique”, précise Martine van Bijlert, co-directrice de l’organisation de recherche Afghanistan Analysts Network.

La commission électorale a affirmé que les résultats officiels ne seraient pas attendus avant la fin de la semaine prochaine et a demandé aux directeurs de campagne des candidats de faire preuve de patience et de prudence. La Commission européenne a aussi "encouragé" ce vendredi tous les candidats à "s'abstenir de faire des annonces prématurées sur un possible résultat" du scrutin.

Une attention particulière sur les urnes des régions instables

Alors que le taux de participation officiel n’est pas encore été annoncé, la question de la légitimité du vote sera largement soulevée en cas de faible participation. Selon les premiers chiffres, elle pourrait être bien inférieure aux 70 % comptabilisés lors du scrutin présidentiel de 2004.

Autre sujet de préoccupation : la sécurité, encore précaire dans certaines provinces du pays. Selon le responsable de la commission électorale, sur les quelque 6 519 bureaux de vote, environ 5 %, pour la plupart en zones talibanes, sont restés fermés lors du vote.

Les analystes s’accordent à dire qu’il faudra prêter une attention toute particulière, dans les prochains jours, à certaines zones des provinces les plus instables où le taux de participation est bas. “Il sera intéressant de voir si les urnes reviennent pleines ou pas, indique Van Bijlert. Si les indications révèlent que les urnes des zones instables reviennent pleines, on pourrait alors soupçonner des irrégularités."

“Un succès” pour la démocratie

Encadrés par 300 000 soldats afghans et étrangers, 17 millions d’Afghans étaient appelés, jeudi, aux urnes.

De nombreux pays occidentaux ont salué la tenue du scrutin malgré les menaces proférées par les Taliban. Le président américain Barack Obama a estimé, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, que ces élections présidentielle et provinciales étaient "un succès".

Aucun attentat majeur n’a entaché la journée. Plus de 130 incidents ont cependant été recensés par les autorités afghanes. Neuf civils et une quinzaine de membres des forces de sécurité ont été tués dans des attaques perpétrées sur l’ensemble du territoire. Et ce vendredi, le ministère britannique de la Défense a annoncé que deux soldats britanniques avaient été tués le jour des élections, dans la province du Helmand (Sud).