
L'accueil réservé en Libye à Abdelbaset al-Megrahi, l'auteur de l'attentat contre un avion de la Pan Am au dessus de Lockerbie en 1988, est jugé "très choquant" par Barack Obama, et suscite l'indignation des familles des 270 victimes.
L'accueil triomphal réservé, jeudi, par la Libye à Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, reconnu coupable d'avoir organisé l'attentat de Lockerbie et libéré pour raisons de santé, est "très choquant", a déclaré vendredi le président américain, Barack Obama.
"Je pense que c'était tout à fait choquant", a-t-il lancé à un journaliste qui lui a posé une question alors qu'il quittait la Maison Blanche pour une semaine de vacances. Une réaction à laquelle Seif el-Islam, l'un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, n'a pas tardé à répondre, affirmant que la libération de Al-Megrahi était "une victoire" pour tous les Libyens...
"Les images que nous avons vues en provenance de Libye hier sont scandaleuses et dégoûtantes", avait déclaré peu avant M. Obama le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
La sortie de prison d'Abdelbaset al-Megrahi est une "victoire" pour tous les Libyens, a déclaré le fils du colonel Kadhafi, Seïf el-Islam, dans un entretien télévisé diffusé vendredi.
"Ta libération est une victoire que nous offrons à tous les Libyens", a-t-il dit à M. Al-Megrahi, assis à ses côtés, selon une bande-annonce de l'interview qui devait être diffusée vendredi soir à 21H00 GMT sur la chaîne Al-Motawassit (La Méditerranée).
Des familles de victimes américaines de l'attentat se sont indignés de la décision du gouvernement écossais de libérer pour raisons médicales Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, atteint d'un cancer en phase terminale, condamné en 2001 à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais à l'issue d'un procès aux Pays-Bas.
Stephanie Bernstein, dont le mari figure parmi les 270 personnes tuées dans l'attentat, a estimé que l'accueil réservé à Tripoli à Al-Megrahi montrait la "naïveté" des autorités écossaises et du président américain, Barack Obama.
"C'est de la naïveté de penser que, d'une manière ou d'une autre, libérer cet homme était la bonne chose à faire. Nous avons vu qu'il a été accueilli comme un héros à Tripoli ce soir", a-t-elle déclaré à CNN.
M. Obama avait estimé que c'était "une erreur" de libérer le Libyen et avait appelé peu avant Tripoli à ne pas l'accueillir en héros.
Les déclarations du ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, qui a justifié cette libération au nom de la "compassion" et de la "clémence" ont également suscité l'indignation des familles aux Etats-Unis.
"Il s'agit d'un tueur de masse", a déclaré Susan Cohen, dont la fille unique, Theodora, étudiante de 20 ans, a péri dans l'attentat, alors qu'elle rentrait chez elle aux Etats-Unis pour les vacances de Noël. "Vous commettez un meurtre de masse, un acte de terrorisme, vous tuez tous ces jeunes gens innocents (...) et vous êtes libérés pour raison humanitaire ?"
"Si vous voulez vous apitoyer sur quelqu'un, s'il vous plaît, apitoyez-vous sur moi, sur ma pauvre fille, sur son corps tombant dans le ciel", a ajouté Mme Cohen.
Bert Ammerman, qui a perdu son fils dans l'explosion, s'est demandé "où était la compassion pour les victimes et les familles qui doivent vivre avec cela pour le restant de leurs jours?".
Kathleen Flynn, dont le fils JP est mort à 21 ans dans l'attentat, a qualifié la décision du gouvernement écossais de "révoltante", s'interrogeant sur la réalité des raisons médicales avancées pour cette libération.
"De gros intérêts pétroliers sont en jeu dans tout cela", a-t-elle affirmé à CNN.
Comme de nombreux autres parents, elle s'est interrogé sur le fait qu'un seul responsable politique puisse faire libérer un individu déclaré coupable de la mort de tant de gens.
En revanche, de l'autre côté de l'Atlantique, des familles britanniques ont salué la libération du Libyen, dont elles estiment souvent qu'il a été victime d'une erreur judiciaire et qui a toujours clamé son innocence.