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Présidentielle en Bosnie : victoire des nationalistes serbe et bosniaque

Le président sortant de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, et le candidat musulman du parti bosniaque SDA, Sefik Dzaferovic, ont remporté les sièges serbe et bosniaque au sein de la présidence tripartite d'un pays divisé.

La Bosnie a renouvelé, dimanche 7 octobre, sa présidence tripartite. Le nationaliste Milorad Dodik a remporté le siège réservé aux Serbes dans la présidence collégiale de Bosnie, charge qu'il partagera avec un Bosniaque et un Croate. Après une campagne menée sur une ligne communautaire, le président sortant de la République serbe de Bosnie a décroché 55 % des suffrages, selon des résultats portant sur 42 % des votants. Milorad Dodik va ainsi coprésider un pays divisé, qu'il a qualifié par le passé de "pays raté" et qui n'est, à ses yeux, "pas un État".

Le candidat du principal parti bosniaque (musulman), le SDA (conservateur), Sefik Dzaferovic, a quant à lui remporté 38 % des voix bosniaques, après une campagne également menée sur une ligne identitaire. En revanche, chez les Croates, le candidat de la droite nationaliste, Dragan Covic (38,66 %), a été battu par le social-démocrate Zeljko Komsic (49,5 %).

Vingt-cinq ans après le conflit qui a fait 100 000 morts, plusieurs candidats ont joué sur la corde nationaliste lors de ce scrutin, Milorad Dodik, Dragan Covic, mais aussi les prétendants bosniaques. Le revenu moyen du pays est de 430 euros et le chômage touche de 20 % à un tiers des habitants, selon les critères retenus.

Milorad Dodik pourrait "œuvrer à la décomposition de la Bosnie"

Cette présidence collégiale est notamment en charge des politiques étrangère et de défense, l'essentiel du pouvoir, notamment la police, l'éducation ou la politique économique, étant entre les mains des deux entités qui forment le pays, la République des Serbes de Bosnie (Republika Srpska) et la Fédération croato-musulmane.

Mais Milorad Dodik, qui dirige la Republika Srpska depuis 2006, pourrait désormais utiliser sa nouvelle position pour "œuvrer à la décomposition de la Bosnie", redoute l'analyste Tanja Topic.

Dotées d'une grande autonomie, les deux entités sont reliées par un faible État central, incarné par la présidence collégiale tripartite. Les Bosniaques (musulmans) représentent plus de la moitié des 3,5 millions d'habitants, pour un tiers de Serbes (orthodoxes) et 15 % de Croates (catholiques). Le vote de dimanche, qui s'est déroulé sans incident notable selon la commission électorale, était donc aussi complexe que des institutions dessinées selon des lignes identitaires après la guerre intercommunautaire de 1992-95.

Ce scrutin pourrait être suivi par des mois de tractations tout aussi compliquées, pour former un gouvernement central qui doit comporter des représentants des trois "peuples constitutifs". D'autant que plusieurs forces politiques pourraient choisir de bloquer le processus. C'est notamment le cas de la droite nationaliste croate, autour de Dragan Covic, qui réclame une entité propre pour les Croates. S'il a été battu pour la présidence, elle pourra s'appuyer sur ses députés.

Avec AFP et Reuters