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Emmanuel Macron s'est rendu samedi sur l'île de Saint-Martin, un an après l'ouragan Irma qui a fait 11 morts. Le chef de l'État français a pu mesurer la colère des habitants qui dénoncent les lenteurs de la reconstruction.
"Engagement tenu : je suis là", a lancé le chef de l'État dans une brève allocution tenue sur le tarmac de l'aéroport de Saint-Martin, rappelant sa promesse de retour faite aux sinistrés après le désastre. Emmanuel Macron est arrivé samedi 29 septembre a aussitôt reconnu "les impatiences" d'une île sinistrée il y a un an par l'ouragan Irma.
D'une intensité sans précédent sur l'Atlantique, avec des vents de plus de 350 km/h, Irma a fait 11 morts à Saint-Martin et endommagé 95% du bâti les 5 et 6 septembre 2017.
Depuis, "beaucoup a été fait pour rétablir l'eau, l'électricité, le téléphone, commencer à reconstruire de manière durable et exemplaire et sans perdre de vue la responsabilité qui est collectivement la nôtre de ne pas reproduire" les erreurs, a affirmé le chef de l'État français.
"Les erreurs du passé"
"Je sais aussi, a poursuivi le président, les impatiences, les difficultés qui demeurent, et le travail qui reste à accomplir. Je ne mésestime rien, c'est aussi cela que je veux entendre".
La région n'est "pas à l'abri de nouveaux événements de ce type", a souligné Emmanuel Macron, appelant à ne pas reproduire "les erreurs du passé" et ainsi "mettre en danger de fait la vie des uns et des autres". Le président arrive à Saint-Martin au troisième et avant-dernier jour d'une visite qui l'a déjà mené en Guadeloupe et en Martinique, et qui doit s'achever dimanche 30 septembre sur l'île de Saint-Barth.
Venu pour la première fois une semaine après la dévastation, alors que les secours étaient à pied d'œuvre, le chef de l'État a atterri samedi en début d'après-midi – vers 20h00, heure de Paris – après avoir posé la première pierre du nouvel hôpital de Guadeloupe.
"Inaction, laxisme"
À Saint-Martin, où les maisons n'étaient pas toujours aux normes, les dégâts ont été très importants et les stigmates de l'ouragan sont encore présents, comme le prouvent les logements encore non reconstruits et les toitures toujours bâchées. La reconstruction est en cours mais les retards sont importants, notamment pour les établissements scolaires et les résidences des bailleurs sociaux.
Françoise, commerçante à Marigot, regrette "une situation de laisser-aller, d'inactions, de laxisme", et déplore de devoir attendre trois mois le permis pour construire. "Ok, c'est un délai classique d'ordinaire, mais là on ne peut pas interagir plus vite ?"
Elle considère le président "un peu comme un banquier qui va aider une société à se redresser, (...) je trouve que si des personnes de Saint-Martin font des reproches, ça serait malvenu".
"Engagements tenus"
L'État avait notamment débloqué des aides exceptionnelles de plusieurs dizaines de millions d'euros à la suite de l'ouragan. Un plan de chômage partiel spécifique a aussi permis de "conserver plus de 9 000 salariés dans l'emploi", pour un coût estimé à 75 millions d'euros d'ici fin 2018.
"Nous, nous avons tenu nos engagements", avait insisté vendredi Emmanuel Macron à la télévision Guadeloupe la 1ère. Une manière de mettre en évidence que "l'État ne se substitue pas aux collectivités" et "n'est pas responsable de tout". "Dès qu'il y a un problème, il ne faut pas que ceux qui ont les compétences se défilent", a-t-il dit.
"Irma a été le révélateur de dysfonctionnements préexistants", estime le délégué interministériel à la reconstruction, Philippe Gustin. Il souligne notamment la situation souvent précaire de la population, la division du territoire entre les parties française et néerlandaise qui ne facilite pas l'application des règlementations, et l'absence de règles d'urbanisme avant l'ouragan.
Pour Saint-Martin et sa voisine Saint-Barth, le coût des dommages d'Irma a été estimé à 3 milliards d'euros, dont près de 2 pour les biens assurés. À l'heure actuelle, seulement 68% des dégâts assurés ont été indemnisés, soit 1,27 milliard d'euros. Des retards de paiement qui ont aussi ralenti la reconstruction, tout comme le difficile acheminement des matériaux et le manque de main d'œuvre qualifiée, dans un secteur du BTP débordé.
Avec AFP