Le président turc Recep Tayyip Erdogan inaugure samedi à Cologne l'une des plus grandes mosquées d'Europe, un déplacement placé sous haute protection policière marqué par des manifestations.
Placé sous haute protection policière, le président turc Recep Tayyip Erdogan va présider samedi 29 septembre à Cologne l'inauguration d'une des plus grandes mosquées d'Europe. Il s'agit de l'ultime étape de la visite d'État du président turc, qui tente de tourner la page de deux années de tension avec l'Allemagne.
Après Berlin vendredi, où ont manifesté quelques milliers de Kurdes, Erdogan est attendu de pied ferme à Cologne: au moins deux manifestations, dont une sous le mot d'ordre "Erdogan n'est pas le bienvenu", sont prévues dans la cité rhénane. Plusieurs milliers de policiers seront mobilisés pour ce que le chef de la police locale, Uwe Jacob, présente comme un des plus grands déploiements policiers dans l'histoire de la ville.
À Cologne, le très croyant dirigeant turc, doté de pouvoirs accrus depuis le début de son nouveau mandat en juillet, va inaugurer cette mosquée, financée par l'Union des affaires turco-islamiques (Ditib), étroitement liée au pouvoir turc.
Une mosquée aux dimensions imposantes
Le chantier avait débuté en 2009 et, malgré de nombreuses oppositions et controverses locales, de premiers fidèles ont pu aller y prier dès 2017, avant l'inauguration officielle par Erdogan samedi.
Avec ses minarets de 55 mètres de haut et une grande coupole de 36 mètres, cet édifice de béton et de verre, censé incarner l'ouverture, selon son architecte, Paul Böhm, est une des plus imposantes mosquées d'Europe. Sa superficie atteint 4 500 m2.
Située dans le quartier d'Ehrenfeld, non loin de la tour de télévision de Cologne, elle est susceptible d'accueillir des milliers de fidèles. La police veut limiter l'accès samedi à 5 000 personnes mais Ditib en attend beaucoup plus.
L'édile de Cologne reproche à Ditib l'opacité qui a entouré le déroulement du chantier, l'inauguration et le fonctionnement de la mosquée. Des élus accusent aussi cet organisme d'être un bras du régime d’Erdogan car elle gère 900 lieux de cultes en Allemagne avec des imams venant de Turquie. L'organisation est aussi accusée par ses détracteurs d'espionner les opposants au président turc.
"Londonistan"
Les opposants à la mosquée, en particulier l'extrême droite, craignant un afflux de musulmans qui aurait fait de Cologne une réplique du "Londonistan", avaient intenté des recours contre la construction qui ont finalement échoué.
Avec cette visite d'État, la Turquie, minée par une crise économique aigüe et en froid avec les États-Unis de Donald Trump, tente un rapprochement avec l'Allemagne, où vivent 3 millions de personnes de nationalité ou d'origine turque.
Vendredi, il s'est entretenu avec Angela Merkel, avant d'être l'invité d'un banquet boudé par une partie de la classe politique allemande, dont la chancelière. L'inauguration sera également boudée par une partie des dirigeants politiques du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, dont la maire de la ville, Henriette Recker, et le chef du gouvernement régional.