Les ambassadeurs des Pays-Bas, du Danemark et de la Grande-Bretagne en Iran ont été convoqués en pleine nuit au ministère iranien des Affaires étrangères après l'attaque d'un commando lors d'un défilé militaire à Ahvaz.
L'Iran, meurtri par un attentat qui a fait au moins 24 morts et 60 blessés, selon un bilan revu à la baissse, samedi 22 septembre, à Ahvaz, était remonté dimanche contre les Occidentaux et les Saoudiens, accusés de complaisance ou de soutien au "terrorisme".
La première mesure de la diplomatie iranienne, annoncée dans la nuit de samedi à dimanche, a été de convoquer trois diplomates européens : les ambassadeurs danois et néerlandais, et le chargé d'affaires britannique.
Ils ont entendu "les fortes protestations de l'Iran contre le fait que leurs pays respectifs abritent certains membres du groupe terroriste ayant perpétré l'attaque terroriste", a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence IRNA.
"Il n'est pas acceptable que l'Union européenne ne mette pas sur sa liste noire les membres de ces groupes terroristes tant qu'ils ne commettent pas de crime sur le sol européen", a déploré la diplomatie iranienne.
À en croire l'agence IRNA, les trois diplomates européens ont adopté un ton conciliant. "Les ambassadeurs ont exprimé leurs profonds regrets au sujet de l'incident et promis de répercuter auprès de leurs gouvernements respectifs toutes les questions soulevées", a-t-elle rapporté. "Ils ont aussi fait part de la volonté de leur pays de coopérer avec l'Iran pour identifier les auteurs et échanger des renseignements", a-t-elle ajouté.
Des "mercenaires encouragés par les Américains"
L'attaque a été l'une des plus meurtrières dans le pays en près de huit ans. Un mouvement iranien arabe d'opposition, appelé Résistance nationale Ahvaz, a revendiqué l'attentat, tout comme l'Organisation État islamique (EI). Ni l'un ni l'autre n'ont fourni d'éléments de preuve à l'appui, mais les autorités iraniennes penchent clairement pour la première option.
Le président iranien Hassan Rohani a en effet accusé sans les nommer, dimanche 23 septembre, des séparatistes arabes d'être derrière l'attentat. "Nous n'avons aucun doute sur l'identité de ceux qui ont fait ça, sur leur groupe et leur affiliation", a déclaré Hassan Rohani à la télévision d'État avant de décoller pour New York, où il doit participer à l'Assemblée générale annuelle des Nations unies.
Par ailleurs, faisant référence à la revendication de l'attentat sur la chaîne satellitaire Iran International, par le groupe Résistance nationale Ahvaz, les Affaires étrangères iraniennes disent avoir insisté auprès du chargé d'affaires britannique sur le fait qu'il était "inacceptable que le porte-parole [de ce groupe séparatiste] soit autorisé à revendiquer cet acte terroriste à l'antenne d'une télévision basée à Londres".
Hassan Rohani a également affirmé dimanche matin que "ceux qui ont causé cette catastrophe [de samedi avaient] soutenu les agresseurs [irakiens] et commis des crimes" pendant la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980-1988).
"Tant que [le dictateur irakien] Saddam [Hussein] était en vie, ils étaient ses mercenaires. Ensuite, ils ont changé de maître et un des pays de la rive sud du golfe Persique" s'est chargé de les soutenir, à encore déclaré le président iranien, sans nommer le moindre pays. "Tous ces petits pays mercenaires que nous voyons dans la région sont soutenus par les États-Unis. Ils sont encouragés par les Américains", a ajouté Hassan Rohani.
Les Émirats se défendent
De son côté, le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a nié dimanche tout lien de son pays avec l'attentat perpétré samedi en Iran. Téhéran avait accusé, sans le nommer, "un petit" État du Golfe d'être derrière cet acte "terroriste".
"Cette campagne officielle lancée à l'intérieur de l'Iran contre les Émirats est regrettable et va crescendo depuis l'attentat d'Ahvaz", écrit le responsable émirati sur son compte Twitter. "La position historique des Émirats contre le terrorisme et la violence est claire", a-t-il ajouté soulignant que "les accusations de Téhéran sont infondées".
Avec AFP