logo

Une soixantaine de disparus après l'accident dans une centrale en Sibérie

Trois jours après l'accident survenu sur le barrage de Saïano Chouchenskaïa, en Sibérie, 58 personnes restent introuvables, malgré la mobilisation de 2 000 secouristes. Au moins 17 personnes ont trouvé la mort dans la catastrophe.

AFP - Le bilan des victimes de la catastrophe de Saïano Chouchenskaïa (Sibérie) grimpait inexorablement, atteignant jeudi 17 morts et 58 disparus, tandis que les responsables avouent leur désarroi face à un accident dont ils ne s'expliquent pas l'origine.

Quelque 2.000 personnes, secouristes, experts et employés sont actuellement mobilisés sur les bords du grand fleuve Ienisseï pour fouiller et déblayer les débris de la centrale hydroélectrique, que le drame de lundi a détruit au tiers.

"Dix-sept personnes ont été tuées dans l'accident et, selon les données actuelles, on est sans nouvelles de 58 employés de la centrale", a déclaré sur place un représentant de l'antenne locale du ministère russe, cité par l'agence Interfax.

Les opérations de pompage dans la salle des machines et autres galeries, inondées sur plusieurs niveaux, ont commencé dans la matinée et devraient durer 37 heures, a-t-il précisé.

Des hélicoptères survolaient les lieux pour surveiller la progression des débris et des nappes de produits pétroliers dispersés dans le fleuve, qui coule vers le nord du pays.

La centrale, construite il y a 30 ans par le pouvoir soviétique dans la région de Khakassie, à environ 4.300 kilomètres à l'est de Moscou, est le plus gros ouvrage de son genre en Russie et l'une des plus puissantes du monde.

Son gigantesque barrage, qui culmine à 245 mètres de hauteur, est long de 1.074 mètres. Selon les autorités, sa structure n'a pas été touchée par l'accident mais ces assurances ne suffisent pas à rassurer totalement les habitants de la région vivant dans l'étroite vallée située en aval de son gigantesque réservoir.

Ils sont d'autant plus inquiets que les responsables ne font pas mystère de leur incompréhension face à ce qui a pu causer la catastrophe.

"Il s'agit de (l'événement) le plus important et le plus inexplicable qui se soit jamais produit dans une centrale électrique", a déclaré le ministre de l'Energie Sergueï Chmatko à des journalistes sur place.

Andreï Mitrofanov, ingénieur en chef de la centrale, a déclaré avoir tenté de reconstituer dans sa tête le film des événements, sans succès: "Le poids de l'eau était si fort et intense qu'en l'espace de quelques minutes, elle est montée jusqu'à 20 mètres. Un tel impact dans un tel espace, cela l'a complètement détruit", explique-t-il en montrant du geste l'endroit où le toit de la salle des machines a été emporté.

"Cet accident est unique, on n'en comprend pas la nature. Rien de semblable n'a jamais été observé dans le monde", renchérit le ministre des Situations d'urgence Sergueï Choïgou dans une interview parue jeudi dans le quotidien Rossiiskaïa Gazeta.

"De ce fait, beaucoup de nos collègues y compris étrangers nous adressent des demandes, car ils souhaitent vérifier leurs propres structures et éviter que la même chose s'y produise", a-t-il ajouté.

Malgré l'ampleur de la destruction et la froideur de l'eau, le ministre a déclaré ne pas renoncer à retrouver vivants certains des disparus, peut-être réfugiés dans des poches d'air dans les galeries inférieures de la centrale. "Mon métier est de ne pas perdre espoir", a-t-il déclaré.

Il a toutefois reconnu que le sort des disparus risquait de ne pas être connu avant encore "deux ou trois jours".

Les familles des victimes crient depuis plusieurs jours leur exaspération face au manque d'informations sur le sort des disparus et des tués. Une cérémonie religieuse a été organisée jeudi dans la ville de Tcheriomouchki, à deux km du barrage, à l'intention de six des victimes de la catastrophe.
 

Tags: Russie,