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Le vice-président du Majlis iranien, Mohammad Reza Bahonar, a indiqué que cinq des 21 ministres du nouveau gouvernement formé par le président Mahmoud Ahmadinejad pourraient ne pas obtenir le vote de confiance du Parlement.

REUTERS - Le Parlement iranien pourrait rejeter la nomination de plusieurs des nouveaux ministres proposés par le président Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré jeudi le vice-président du Majlis cité par des agences de presse.

Le résultat du vote de confiance s'annonce comme un test pour le président iranien, réélu en juin à l'issue d'un scrutin contesté par l'opposition et dans les rues du pays.

Le vice-président du parlement iranien, Mohammad Reza Bahonar, un conservateur pragmatique qui s'est déjà distingué par le passé en critiquant Mahmoud Ahmadinejad, a suggéré que jusqu'à cinq des 21 ministres proposés pourraient être retoqués.

"Certains de mes collègues et moi (...) sommes d'avis que près de cinq ministres proposés par Ahmadinejad n'obtiendront pas le vote de confiance", a dit le parlementaire, dont les propos ont été rapportés par les agences Mehr et Isna.

Il n'a pas donné les noms des ministres menacés d'être retoqués par le parlement, auquel le chef d'Etat a remis mercredi la composition de son gouvernement.

Mahmoud Ahmadinejad devrait s'adresser après 21h00 locales (16h30 GMT) au pays pour présenter ce nouveau cabinet. Y figureraient notamment trois femmes - une première depuis la Révolution islamique de 1979 - nommées aux Affaires sociales, à l'Education et à la Santé.

Le président iranien prévoit en outre de confier le ministère du Pétrole - un domaine stratégique pour l'Iran, cinquième producteur mondial - à l'actuel titulaire du portefeuille du Commerce, Massoud Mirkazemi, selon l'agence Isna.

Même si Mirkazemi est un proche allié d'Ahmadinejad, ce choix est une surprise dans la mesure où cet ingénieur de l'industrie n'a que peu d'expérience des activités pétrolières.

Son nom ne figurait pas dans une liste de personnalités susceptibles de prendre en charge ce poste phare, publiée il y a deux semaines par l'agence Irna.

Gardiens de la Révolution

Mahmoud Ahmadinejad aurait en outre décidé de maintenir dans ses fonctions le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, alors qu'on lui prêtait l'intention de nommer à ce poste le principal négociateur sur le nucléaire, Saeed Jalili, partisan comme lui d'une ligne instransigeante dans ce dossier.

Comme l'a suggéré Mohammad Reza Bahonar, le président iranien pourrait se heurter à une forte opposition au Majlis, de la part de certains membres de son camp conservateur et de la part des réformateurs, qui jugent son gouvernement illégitime après avoir dénoncé une présidentielle truquée.

Un autre député conservateur, Javad Karimi Qodousi, a estimé qu'environ 80% des ministres nommés devraient être approuvés, selon l'agence semi-officielle Fars.

Le vote pourrait débuter le 30 août, une semaine après l'ouverture de la session parlementaire, a rapporté jeudi le quotidien conservateur Kayhan, citant un porte-parole du Majlis, Mohsen Koukhan.

Certains des partisans d'Ahmadinejad l'ont abandonné après l'élection présidentielle, qui a plongé l'Iran dans sa plus grave crise depuis 1979 malgré le soutien apporté au président réélu par l'ayatollah Ali Khamenei, "guide suprême" de la Révolution.

"Si les ministres proposés n'ont pas l'expérience et le savoir nécessaires (...) et ne sont pas capables de remplir leur devoir, le parlement agira fermement envers eux", a prévenu le député conservateur Parviz Sarvari, cité par l'agence Isna.

Lors de sa première élection, en 2005, Mahmoud Ahmadinejad avait déjà essuyé plusieurs revers, voyant notamment ses trois premiers choix pour le ministère du Pétrole rejetés.

La composition de son nouveau gouvernement laisse apparaître une forte présence de personnalités liées aux gardiens de la Révolution, le corps d'élite du régime dont l'influence a grandi depuis l'arrivée au pouvoir de l'ancien maire de Téhéran.

C'est le cas notamment de Massoud Mirkazemi, mais aussi des hommes qu'il entend nommer au Renseignement et à l'Intérieur, où il a proposé de nommer l'actuel ministre de la Défense Mostafa Mohammad Najjar.