La cour d’assises de Paris a condamné vendredi deux ex-skinheads à 11 et 7 ans de prison et en a acquitté un autre pour la mort de Clément Méric, jeune militant antifasciste, survenue en 2013 lors d’une rixe à Paris.
La cour d’assises de Paris a rendu son verdict vendredi 14 septembre dans l'affaire Clément Méric, du nom de ce jeune militant antifaciste tué en 2013. Esteban Morillo, ex-skinhead ayant reconnu être l’auteur des coups mortels lors d'une rixe à Paris, a été condamné à 11 ans de prison.
Samuel Dufour, qui a participé à la rixe mortelle mais n'a pas frappé le militant antifasciste, a quant à lui été condamné à sept années d'emprisonnement. L'un et l'autre vont faire appel, ont annoncé leurs avocats respectifs.
Le troisième accusé, Alexandre Eyraud, qui n'a porté aucun coup, a été acquitté.
À l'énoncé du verdict, après neuf heures de délibéré, les accusés sont d'abord restés figés. Esteban Morillo stoïque, Samuel Dufour sidéré puis en larmes, Alexandre Eyraud soulagé.
Les deux condamnés, âgés de 25 ans, ont quitté la salle menottes aux poignets, tandis que les gendarmes avaient été déployés en nombre aux abords de la salle, où familles et amis des deux parties étaient venus en soutien.
Coups mortels, réunion et port d’armes
Pour une agression "d'une sauvagerie inadmissible", l'avocat général avait requis jeudi une peine de 12 ans de réclusion criminelle à l'encontre d'Esteban Morillo et demandé sept ans d'emprisonnement contre Samuel Dufour, qui se battait à ses côtés.
L'accusation a été suivie en tous points dans son raisonnement les concernant, les deux ex-skinheads étant condamnés pour les coups mortels avec les circonstances aggravantes de la réunion et du port d'arme.
Le 5 juin 2013, Clément Méric, antifasciste de 18 ans, s'est écroulé sur le bitume de la rue Caumartin, à Paris, lors d'une rixe entre militants d'extrême gauche et skinheads d'extrême droite, après une rencontre fortuite dans une vente privée de vêtements de la marque Fred Perry.
La mort du jeune homme avait alors choqué l'opinion et fait ressurgir le spectre des violences d'extrême droite. Le gouvernement avait dissout plusieurs groupuscules d'ultradroite, notamment Troisième voie, dont étaient proches les accusés.
Marche en hommage à Clément Méric
Alors que le tribunal rendait son verdict vendredi soir, environ 500 militants et sympathisants antifascistes ont manifesté à Paris en mémoire de Clément Méric.
#Paris Manif antifasciste en hommage à #ClémentMéric suite au procès de ses meurtriers néonazis. Le cortège de plusieurs centaines de personnes est parti de République pour rejoindre Ménilmontant #antifa pic.twitter.com/4HVQeW0jk8
Alexis Kraland (@akraland) 14 septembre 2018"Clément ! Clément ! On oublie pas, on pardonne pas !", "Siamo tutti antifascisti" (Nous sommes tous antifascistes, en italien), ont-ils notamment scandé derrière une banderole à l'effigie de Clément Méric, de la Place de la République au quartier de Ménilmontant, dans l'est de la capitale.
"L'important c'est que la justice a reconnu qu'il s'agissait d'un crime politique. Je ne me réjouis pas (du verdict, NDLR)", a expliqué Khalid, 29 ans. "On voulait voir si le procès avait changé les agresseurs de Clément, mais manifestement ça n'est pas le cas", a-t-il ajouté.
La manifestation s'est dispersée dans le calme vers 20 h 45.
Avec AFP.