Les quinze marins russes du cargo Arctic Sea sont arrivés ce mercredi au Cap-Vert. Le plus grand mystère continue d'entourer les conditions dans lesquelles leur navire a été piraté, puis libéré lundi par la marine de guerre russe.
AFP - L'équipage de l'Arctic Sea, le cargo libéré par la marine russe est arrivé mercredi au Cap-Vert mais l'affaire reste ténébreuse car les enquêteurs refusent de divulguer les détails de l'opération de sauvetage et s'interrogent sur le cerveau de l'attaque.
Les 15 marins russes qui avaient été pris en otage le 24 juillet en mer Baltique sur le cargo chargé de bois à destination de Béjaïa (Algérie), sont arrivés vers 11h00 locales (12h00 GMT) sur l'île de Sal à bord d'un navire de guerre russe.
Selon plusieurs journalistes cap-verdiens présents sur place, 11 membres de l'équipage ont débarqué en fin de matinée du navire, au port de Palmeiras sur l'île de Sal. Dans l'aprés midi, vers 15H40 locales (16H40 GMT), un employé des services d'opération aéroportuaires de l'aéroport Amilcar Cabral, à Sal, a déclaré à l'AFP que le groupe "était en train d'embarquer à bord d'un Iliouchine" à destination de Moscou.
L'ambassadeur de Russie à Praia, Alexandre Karpouchine, a précisé à l'AFP que quatre marins étaient restés à bord de l'Arctic Sea pour assurer la maintenance du navire. Selon le diplomate le cargo doit se trouver actuellement "en plein océan" Atlantique, "à 260 milles nautiques (416 km)" du Cap-Vert.
L'ambassadeur Alexandre Karpouchine avaitauparavant accompagné à bord du bâtiment une délégation du Conseil de Sécurité russe qui devait procéder à "un premier interrogatoire des membres de l'équipage, pour commencer à comprendre, effectivement, ce qui s'était passé à bord de l'Arctic Sea".
Les ex-otages, libérés lundi, avaient déjà eu l'occasion de raconter leurs péripéties aux enquêteurs.
"Les membres de l'équipage ont confirmé que les pirates avaient demandé une rançon et qu'en cas de non accomplissement de cette exigence ils feraient exploser le bateau", a déclaré un représentant du ministère russe de la Défense.
L'équipage a également "confirmé que les pirates s'étaient débarrassés de leurs armes lorsque l'escorteur russe Ladny a pris les commandes du cargo", a-t-il ajouté.
Mardi, Moscou a annoncé la capture de huit pirates au cours de l'opération de sauvetage: deux Russes, deux Lettons et quatre Estoniens.
Et mercredi, la police finlandaise qui coordonne l'enquête a précisé que l'organisateur de l'attaque ne figurait peut-être pas parmi ces personnes arrêtées.
"Il se pourrait que le cerveau courre toujours. Nous ne connaissons pas encore l'affaire dans son ensemble", a déclaré à l'AFP un responsable du bureau national d'enquêtes finlandais (NBI), Rabbe von Hertzen.
Après une traque internationale de plusieurs semaines entre la Baltique et l'Atlantique qui a mobilisé une vingtaine de pays, donné lieu à une coopération opérationnelle entre la Russie et l'Otan et nécessité le recours aux satellites, l'épopée de l'Arctic Sea s'est terminée sans la moindre violence mais dans le plus grand secret.
L'annonce de la libération de l'équipage a ainsi été faite plusieurs heures après les faits, alors qu'officiellement, la position exacte de l'Arctic Sea n'était pas connue.
"Nous n'avons pas pu rendre cette information publique (sur la localisation) afin de protéger la sécurité de l'équipage", a expliqué à l'AFP une porte-parole de la police criminelle suédoise, Linda Widmark.
Il semble que si le cargo battant pavillon maltais n'a pas été en permanence sous surveillance étroite durant toute son odyssée, il a du moins été suivi "constamment pendant plusieurs jours" avant le lancement de l'opération de sauvetage, selon l'Autorité maritime maltaise (MMA).
"Nous ne pouvons pas dévoiler comment nous avons suivi le navire afin de ne pas compromettre d'éventuels sauvetages à venir", a-t-elle ajouté. La police suédoise est la première à avoir fait état de l'attaque contre l'Arctic Sea survenue le 24 juillet dans ses eaux territoriales. Les pirates étaient alors censés avoir quitté le navire.
Une fois l'enquête à bord terminée, le cargo "sera rendu à son propriétaire afin qu'un nouvel équipage puisse l'acheminer en Algérie" où il livrera son chargement de bois, a affirmé M. von Hertzen.
Mais "il faudra des mois avant que nous ayons une idée de ce qui s'est réellement passé", a-t-il prévenu.