À la veille des élections, une troublante sérénité plane sur Kaboul. Envoyée spéciale pour FRANCE 24, Leela Jacinto estime que ce calme n'est qu'apparent, le gouvernement ayant demandé aux médias de ne pas couvrir les attentats.
Vingt-quatre heures avant le scrutin clé en Afghanistan, une atmosphère d'anxiété plombe l'air de Kaboul. Aujourd'hui, 19 août, l'Afghanistan célèbre sa fête nationale. C'est un jour férié. Les écoles, les bureaux et la plupart des magasins sont fermés dans la capitale afghane et les habitants semblent avoir choisi de rester chez eux.
La circulation habituellement dense s’est fluidifiée ce matin. Pourtant, même si les rues sont majoritairement désertes, cela prend toujours beaucoup de temps pour traverser la ville d'un bout à l'autre. Les voitures sont régulièrement arrêtées par la police afghane qui applique à la lettre les règles de sécurité.
Mais cet important dispositif de sécurité mis en place à Kaboul n’a pas permis d’éviter, ce matin, l’attaque spectaculaire d’une banque. Des coups de feu ont été entendus. Les trois assaillants ont été tués par la police. L'attaque a été revendiquée, une fois de plus, par les Taliban. Toutefois, les responsables de la police afghane préfèrent parler d’un gang criminel. Une histoire banale à Kaboul, où de nombreux truands opèrent dans la capitale.
Mon chauffeur Imamuddin n’a pas entendu parler de cette attaque. Il est pourtant pendu aux informations diffusées sur la radio locale qui beugle dans sa voiture. Alors quand je lui parle de l’attaque, il est surpris de ne pas être au courant. La censure des médias semble bien fonctionner ici.
Hier, après une série de terribles attaques dans la capitale et ses alentours, ainsi que dans la région fragilisée du Sud, le gouvernement afghan a diffusé un communiqué interdisant à la presse nationale et locale de parler des violences. Une décision vivement critiquée par les associations des droits internationaux. Mais le gouvernement insiste pour dire que le but est “d’assurer une large participation des électeurs afghans” au scrutin de demain. Il faudra encore attendre 24 heures pour voir si cette méthode fonctionne.