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Face à l'afflux de migrants, le Brésil envoie l'armée à la frontière avec le Venezuela

Après l'arrivée de dizaines de milliers de réfugiés vénézuéliens, le président du Brésil, Michel Temer, a ordonné, mardi, de déployer l'armée pour "garantir la sécurité" à sa frontière. Il déplore une crise qui "affecte toute l'Amérique latine".

Alors que des réfugiés vénézuéliens affluent depuis des mois dans plusieurs pays d'Amérique latine, le président du Brésil, Michel Temer, a ordonné, mardi 28 août par décret, l'utilisation des forces armées pour "garantir la sécurité" à sa frontière avec le Venezuela.

Acabei de decretar o emprego das Forças Armadas para a Garantia da Lei e da Ordem, no estado de Roraima. Para oferecer segurança aos cidadãos brasileiros e aos imigrantes venezuelanos que fogem de seu país em busca de refúgio no Brasil. pic.twitter.com/b0MRwN7C4Z

  Michel Temer (@MichelTemer) 28 août 2018

"Je décrète l'envoi des forces armées pour garantir la loi et l'ordre dans l'État de Roraima (...) du 29 août au 12 septembre", a annoncé le chef de l'État, "afin de garantir la sécurité des citoyens brésiliens mais aussi des immigrants vénézuéliens qui fuient leur pays". Michel Temer a ajouté que la situation migratoire était "tragique" et "menaçait l'harmonie de quasiment tout le continent". "Ce n'est pas seulement le Brésil qui endure ses conséquences, mais le Pérou, l'Équateur, la Colombie et d'autres pays d'Amérique latine", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée en soirée.

"Pour cette raison, nous devons trouver de toute urgence un chemin pour changer cette situation", a-t-il insisté, appelant "la communauté internationale à adopter des mesures diplomatiques" contre l'exode de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique avec diverses pénuries. "Le Brésil respecte la souveraineté des États, mais nous devons nous souvenir que seul est souverain un pays qui respecte son peuple et en prend soin", a-t-il lancé à l'administration du président Nicolas Maduro.

Au Brésil, 60 000 réfugiés vénézuéliens

Le Brésil a accueilli quelque 60 000 réfugiés du Venezuela à ce jour et le Pérou, qui s'attend à en recevoir un nombre total d'un demi-million, vient de restreindre leur accès à son territoire.

Michel Temer n'a pas précisé combien d'hommes étaient concernés par ce décret pris une dizaine de jours après une explosion de colère contre les migrants dans la localité frontalière de Pacaraima, où une foule d'habitants a chassé des centaines de Vénézuéliens et brûlé leurs biens. Le ministre de la Défense, Joaquim Silva e Luna, a affirmé ensuite que "les troupes étaient déjà positionnées" à la frontière, tandis que celui de la Sécurité institutionnelle, Sergio Etchegoyen, a indiqué : "Nous avons besoin de discipliner" les flux de migrants.

Vers une politique régionale

En parallèle, la Colombie et le Pérou ont annoncé mardi qu'ils échangeraient leurs informations sur les centaines de milliers de migrants du Venezuela qu'ils reçoivent, première étape vers une politique régionale. L'échange de données vise à éviter que les migrants reçoivent assistance dans plusieurs pays, "retirant la possibilité à d'autres" Vénézuéliens d'en bénéficier, a déclaré Christian Krüger, directeur du service colombien des migrations.

Le Pérou a également déclaré mardi l'état d'urgence sanitaire pour 60 jours dans trois districts de la région de Tumbes, à la frontière avec l'Équateur, selon un décret publié au journal officiel. La mesure a été adoptée pour cause de "danger imminent d'impact sur la santé et le rétablissement (de la population), dû à l'augmentation du flux migratoire international en provenance du Nord".

L'urgence concerne les districts de Aguas Verdes, Zarumilla et Tumbes, où des milliers de Vénézuéliens sont arrivés ces dernières semaines en traversant la frontière, avant que le gouvernement péruvien n'impose la présentation d'un passeport pour entrer dans le pays. Le gouvernement appliquera des "actions immédiates et nécessaires de réduction d'un très haut risque" pour la santé, indique le décret, mais les autorités péruviennes n'ont pas précisé quelles mesures avaient été prises, ni les risques encourus.

De son côté, l'Équateur a avancé au 3 et 4 septembre une réunion sur cette vague migratoire, à laquelle sont invités 13 pays de la région et qui était initialement prévue deux semaines plus tard.

Avec AFP