
Nicolas Hulot, qui a quitté le gouvernement mardi, est l'une des figures de l'écologie française les plus sollicitées par les politiques. Avant de suivre Emmanuel Macron, il avait toujours été très réticent à s'engager politiquement.
Aux avant-postes de la défense de l'environnement depuis près de 30 ans, Nicolas Hulot a été pendant un peu plus d'un an un ministre populaire se défendant sans cesse d'être au bord de la démission d'un poste qui ne l'a jamais fait rêver. Il a fini par quitter le navire gouvernemental, mardi 28 août.
Nommé pour la première fois ministre en mai 2017 après avoir refusé maintes sollicitations, il a passé des mois sous la loupe de journalistes à l'affut du moindre signe de ras-le-bol et de défenseurs de l'environnement attendant de lui qu'il soit plus qu'une "caution verte" pour le gouvernement.
Celui que le président Emmanuel Macron a décrit comme "un inquiet" qui n'est "jamais satisfait" a sans cesse rejeté les rumeurs de démission et les accusations de renoncement, sur la sortie du nucléaire ou sur l'exploitation des hydrocarbures
Il reconnaissait malgré tout des "déconvenues, de l'impatience et même parfois des éruptions de colère" quand les choses n'avançaient pas assez vite. "Je n'y crois plus", a-t-il finalement résumé mardi, assurant ne pas regretter "une seconde" d'avoir accepté le poste mais faire ainsi "un acte de sincérité".
"Un an" pour juger
L'ancien militant de 62 ans, qui s'était donné "un an" pour juger de son utilité au gouvernement, restait parmi les personnalités politiques préférées des Français, selon des sondages.
En 2017, après une campagne présidentielle où il n'avait soutenu aucun candidat, et avait finalement voté pour le socialiste Benoît Hamon, il avait accepté de se mettre au service d'Emmanuel Macron, une belle prise pour le nouveau président.
Un an plus tôt, il avait renoncé à la course présidentielle, alors qu'il était crédité de 10 % des voix dans les sondages.
L'écologiste au caractère secret confiait "ne pas être fait pour la politique telle qu'elle se pratique aujourd'hui", "un monde où les violences et les tensions sont énormes". "Mon plus grand trésor, c'est mon indépendance", disait-il avant de dire oui à Emmanuel Macron.
En janvier 2016, sollicité par François Hollande pour entrer au gouvernement, il avait décliné, faute d'assurances suffisantes sur l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, la renégociation du traité de libre échange UE-Canada (Ceta) et une réforme de la fiscalité.
Dans la perspective de la COP21, il avait été pendant trois ans son "envoyé spécial pour la planète", avec un bureau à l'Élysée.
Ce compagnonnage au plus haut sommet de l'État avait débuté avec Jacques Chirac, croisé à la fin des années des 90. Au sommet de la Terre de Rio (2002), les deux hommes rencontrent ensemble Nelson Mandela et Hulot devient un visiteur régulier à l'Élysée.
Lecture et kite-surf
En 2007, il hésite – déjà – à se présenter à la présidentielle avant d'imposer son "Pacte écologique" aux candidats. Nicolas Sarkozy le signe et, aussitôt élu, lance le Grenelle de l'Environnement, concertation qui débouche sur deux lois importantes.
Mais l'abandon du projet de taxe carbone refroidit les relations entre Hulot et Sarkozy, avant même la déclaration de ce dernier sur l'écologie qui "commence à bien faire".
En 2009, l'échec commercial de son film "Le syndrome du Titanic", critiqué pour son catastrophisme, le plonge dans le doute.
En 2011, il franchit le pas en se présentant à la primaire des Verts, un parti pas toujours tendre avec lui, mais les militants préfèrent Eva Joly.
Comme à chaque déconvenue, le natif de Lille, élevé à Paris, se replie dans sa maison en Bretagne, où il vit avec sa femme et ses enfants. La lecture et le kite-surf aident le "commandant couche-tôt" à se ressourcer.
Au fil des ans, son discours insiste davantage sur les liens entre écologie et solidarité. Il avait d'ailleurs dans son porte-feuille de ministre l'économie sociale et solidaire.
Avec AFP