Des milliers de Vénézuéliens fuyant leur pays tentaient d'atteindre le Pérou, avant le durcissement, samedi, des conditions d'entrée sur le territoire. Les autorités péruviennes s'attendent à accueillir 100 000 réfugiés dans les prochaines semaines.
Plusieurs milliers de Vénézuéliens fuyant leur pays tentaient, vendredi 24 août, de rallier le Pérou, avant le durcissement des conditions d'entrée dans ce pays, qui entrent en vigueur samedi. L'Équateur, pays de transit, a par ailleurs ouvert un "corridor humanitaire" pour faciliter le passage vers le territoire péruvien.
Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de personnes ayant préféré partir ces dernières années pour échapper à la misère au Venezuela, soit 7,5 % de sa population de 30,6 millions d'habitants, selon le dernier recensement.
Confronté à cet afflux, le Pérou va exiger des ressortissants vénézuéliens la présentation d'un passeport. Jusqu'à présent, une carte d'identité suffisait. L'Équateur, pays de transit pour nombre de Vénézuéliens cherchant à se rendre au Pérou, au Chili ou en Argentine, a mis en place une mesure similaire le 18 août.
Bientôt 500 000 réfugiés vénézuéliens au Pérou
Le rythme des arrivées à la frontière péruvienne, jusqu'ici de 2 500 à 3 000 réfugiés par jour, selon les services d'immigration, devrait s'accélérer. Le Pérou, qui enregistre une croissance économique parmi les plus élevées de la région, s'attend à accueillir 100 000 réfugiés vénézuéliens dans les prochaines semaines, ce qui portera leur total à un demi-million dans le pays.
Dans plusieurs villes, comme à Tumbes, à un millier de kilomètres de Lima, l'Église catholique distribue aux migrants leur premier repas chaud depuis plusieurs jours. Nombre d'entre eux sont arrivés à pied. Partis du Venezuela début août, ils ont accéléré le pas pour atteindre la frontière avant ce week-end.
La décision du Pérou et de l'Équateur d'exiger un passeport revient à fermer la porte au nez de nombre de Vénézuéliens, car obtenir un passeport dans ce pays est devenu un parcours du combattant en raison de la crise économique et de la pénurie généralisée, qui affecte aussi le papier servant à imprimer les documents officiels.
Crise économique au Venezuela
Deux agences des Nations unies, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), ont appelé les pays latino-américains à continuer d'accueillir les réfugiés vénézuéliens, dénonçant les nouvelles exigences aux frontières mises en place par le Pérou et l'Équateur.
Le ministre péruvien de l'Intérieur, Mauro Medina, s'est défendu, assurant que "personne ne parle de fermer la frontière". Et de préciser : "Il s'agit d'exercer un meilleur contrôle migratoire pour des raisons de sécurité. La majorité des Vénézuéliens qui arrivent au Pérou ont leur passeport".
Les Vénézuéliens sont étranglés par la crise économique : l'inflation pourrait atteindre 1 000 000% fin 2018, selon le Fonds monétaire international, et le PIB devrait s'effondrer de 18 %. Des millions de personnes ont donc préféré émigrer ces dernières années. Mais cette exode de millions de personnes met toute la région sous tension, comme l'ont montré des violences contre des migrants vénézuéliens il y a une semaine à la frontière brésilienne.
Signe de l'inquiétude des autorités, l'Équateur a invité les ministres des Affaires étrangères de 13 États de la région, dont le Venezuela, à une réunion les 17 et 18 septembre sur ce sujet. En guise de protestation contre "le manque de volonté" de Caracas, il a aussi annoncé jeudi son retrait de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques.
Avec AFP