Le feuilleton Benalla se poursuit. Après avoir donné un interview au Monde, ce dernier s'est exprimé sur TFI. Entre temps, le site du journal Libération a diffusé une nouvelle vidéo le montrant en train de réaliser une interpellation musclée.
Dans une interview enregistrée le matin et diffusée au journal de 20 h de TF1, vendredi 27 juillet, Alexandre Benalla a donné sa version des faits, adoptant la même ligne de défense que dans un entretien fleuve au Monde la veille.
Il a évoqué une "histoire banale", loin d'une "affaire d'État". Mis en examen pour "violences en réunion" après avoir été filmé le 1er mai frappant et malmenant des manifestants à Paris, Alexandre Benalla a assumé sur TF1 "des gestes vigoureux". Mais il revendique surtout "une réaction de citoyen" contre des manifestants qu'il qualifie de "casseurs". "Il n'y a aucun coup porté", a-t-il aussi lancé, en s'élevant contre "les nombreux fantasmes" autour de ses supposés privilèges et sa relation de proximité avec Emmanuel Macron.
"Une faute politique"
"J'ai été sous l'orage médiatique, on a raconté un tas de bêtises à mon encontre et on a pu à travers moi atteindre le président de la République", a-t-il déploré. Alexandre Benalla a seulement reconnu avoir "commis une faute d'un point de vue politique", qu’il a regrettée. "Ce qui s’est passé le 1er mai est une forme de trahison envers le président de la République, a-t-il expliqué. Un collaborateur ne doit pas exposer le président à tout ce qu'on a pu voir, à toute cette tempête politique, médiatique…"
Peu avant la diffusion de l’entretien sur TF1, le journal Libération avait diffusé une vidéo montrant une interpellation musclée de trois manifestants au Jardin des plantes, à Paris, survenue également le 1er m ai, où interviennent Alexandre Benalla, Vincent Crase, et le major Philippe Mizerski. L'extrait de la scène du Jardin des plantes ne dure que 35 secondes, mais les journalistes du quotidien ont eu accès à la vidéo complète de six minutes.
Une nouvelle vidéo de Libération
Quand l'extrait de la vidéo commence, les manifestants sont sur un petit chemin dans le parc. Selon l’un d’eux, ils essayent de "partir à l'opposé de la manifestation" qui dégénère. Ils croisent alors les trois hommes, qui leur ordonnent de prendre un autre parcours.
Les manifestants expliquent qu'on vient de leur donner une autre indication, et la situation dégénère. La jeune fille en train de filmer explique s'être "fait plaquer contre l'arbre le plus proche avec le téléphone dans la main", elle se souvient avoir entendu "Éteins ! Éteins !", et pense qu'on lui demandait d'arrêter de filmer. Son téléphone lui est d'ailleurs confisqué, sous peine de se voir arrêtée, et des vidéos et images en sont effacées. Le clip de six minutes fourni à Libération, a été récupéré, grâce à un logiciel dédié, sur sa carte mémoire.
Un des camarades de la jeune fille a été arrêté. Il a passé 48 heures en garde à vue pour "violences contre personnes dépositaires de l'autorité publique avec arme" et sera relâché sans poursuites judiciaires.
Deux nouvelles plaintes de personnes présentes auraient été déposées contre X jeudi au parquet de Paris et viseraient Vincent Crase, Alexandre Benalla et Philippe Mizerski, toujours selon le quotidien Libération.
Des réactions en cascade
Les réactions politiques à ces derniers événements ne se sont pas fait attendre. L'image renvoyée par Alexandre Benalla au journal de TF1 est "très loin" de la description "par l'opposition" d'une quasi "petite frappe", a jugé samedi l'une des porte-parole des députés LREM, Aurore Bergé.
Interrogée sur l’interpellation au Jardin des plantes, révélée par Libération, elle a pointé un "article extraordinairement confus, qui dit à plusieurs reprises qu'on n'arrive pas à identifier ou non l'action de M. Benalla" et des "images troubles" sur la vidéo.
La sortie médiatique d’Alexandre Benalla a déclenché l'ironie du député Les Républicains Marc Le Fur, parmi les premiers à réagir : "TF1 a le droit d'interviewer Benalla, pas la commission d'enquête parlementaire présidée par LREM", a-t-il cinglé dans un tweet. Vendredi, désertée par l'opposition, cette commission a conclu ses auditions avec seulement quelques députés LREM.
#TF1 a le droit d'interviewer #Benalla, pas la commission d'enquête parlementaire présidée par #LREM. #affaireBenalla @DavidPujadas
Marc Le Fur (@marclefur) 27 juillet 2018Le député LFI Éric Coquerel a épinglé samedi le "discours appris par cœur" pour le 20 h de TF1 d'Alexandre Benalla, ajoutant que "les images le contredisent" sur les vidéos du 1er mai, dont la nouvelle au Jardin des plantes. Les Insoumis se sont pour une fois unis avec les autres composantes de la gauche (Nouvelle Gauche, communistes), pour déposer une motion de censure mardi. Les Républicains feront de même de leur côté.
Avec AFP