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Et si l'on "augmentait" l'humain en maîtrisant son horloge interne ?

L'horloge interne dirige plusieurs fonctions vitales de notre organisme. Avoir prise sur elle, c'est contrôler le fonctionnement de son corps humain, selon les principes de la chronobiologie.

À l'heure où Internet regorge de forums d'automédication et autres plateformes de santé, nous sommes de plus en plus nombreux à chercher à avoir prise sur nos conditions physiques sans passer par un rendez-vous médical.

Et si cette attention passait par le respect de l'organisation temporelle de nos organismes ?

Tout être humain possède son propre rythme circadien, soit un ensemble de processus biologiques cycliques qui se déploient sur environ 24 heures. Celui-ci dépend d'un véritable réseau d'horloges endogènes, autrement appelés "horloges internes". Notre métabolisme, nos habitudes alimentaires et nos fonctions cognitives sont ainsi basés sur ce rythme. Cette tour de contrôle, située au niveau de l'hypothalamus – une glande localisée au niveau de l'encéphale – ordonne une multitude d'autres petites montres. C'est le réglage de ces petites montres qu'il est possible de faire localement pour influer sur la forme physique globale.

Choisir le meilleur moment pour faire telle ou telle activité sportive, réfléchir à sa durée de sommeil idéale, identifier l'heure parfaite pour faire une pause dans sa journée de travail... Ces différentes questions font partie d'un même champ de réflexion : la chronobiologie, l'étude de l'optimisation de notre énergie et de notre façon de se soigner. 

Rythmes biologiques et maladies

En médecine, les liens entre rythmes biologiques et déclenchement de certaines maladies font d'ailleurs l'objet d'un intérêt croissant. Comprendre l'influence des uns sur les autres pourrait-il offrir des pistes thérapeutiques ? En 2017, trois chercheurs américains - Jeffrey Hall, Michael Rosbach et Michael Young ont obtenu le prix Nobel de Médecine pour leur recherche sur les gènes de l’horloge biologique interne. Une reconnaissance pour l'avenir de la chronothérapie.

Pour éviter les infarctus du myocarde, il vaut mieux se faire opérer l'après-midi

En 2013 déjà, une étude internationale coordonnée par des chercheurs de l'Inserm, du CNRS et de l'université Paris-Sud montrait les avantages qu'il y a à administrer un traitement à une heure plutôt qu'à une autre. En effet, l'efficacité des médicaments anticancéreux peut doubler selon le moment de la prise. Cette chronothérapie des cancers a été mise en lumière il y a une vingtaine d'années par Francis Lévi, un oncologue qui a travaillé sur la personnalisation des chimiothérapies.

Mais le traitement des cancers n'est pas l'unique domaine dans lequel la prise en compte des rythmes biologiques est un facteur décisif. À Lille par exemple, une équipe de médecins a identifié que les infarctus du myocarde après chirurgie de la valve aortique avaient moins de chance de se produire lorsque l'intervention était programmée l'après-midi au lieu du matin, en raison des réactions du muscle cardiaque selon l'horloge interne. Et dans le traitement de la maladie de Parkinson, une équipe américaine a démontré que le fait d'exposer les patients à une forte lumière deux fois dans la journée pouvait les aider à réduire leur somnolence diurne et donc leur troubles du sommeil.

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Synchroniser son horloge interne avec l'environnement extérieur

Pour tout un tas de raisons, notre rythme biologique peut se trouver ponctuellement déréglé. Il faut dire que sa synchronisation dépend d'une composante endogène liée à des facteurs génétiques, mais aussi d'une composante externe. Lumière, obscurité, sommeil peuvent largement influer sur cette seconde composante, lorsque notre horloge biologique interne ne correspond pas à l'environnement externe. Ainsi, le fait de travailler de nuit, de mal dormir, de ne pas être assez exposé à la lumière ou encore de subir un décalage horaire sont autant de facteurs de troubles de l'organisme, tels que la fatigue persistante et le manque d'appétit. Par exemple, il est bien connu que les vols vers l'est sont plus éprouvants puisqu'ils supposent une avance de phase de l'horloge. Ou encore, que la consommation répétée d'alcool baisse la température du corps (contrairement à ce que l'on pense, un petit digestif n'a jamais eu la vertu de réchauffer le corps) et provoque des troubles de l'humeur. 

Travailler de nuit, ne pas être assez exposé à la lumière ou encore subir un décalage horaire sont autant de facteurs de troubles de l'organisme

Quand notre horloge est déréglée, on peut bien entendu essayer de la réajuster. Sur le plateau de l'événement Futur.e.s, le scientifique Pierrick Arnal a présenté au public DREEM, un bandeau qui enregistre l'activité célébrale de celui qui le porte afin de lui administrer des impulsions sonores au bon moment dans son sommeil. Mais sans recourir à l'achat de hardware, quelques astuces peuvent déjà nous aider à davantage respecter nos rythmes biologiques.

Au travail : il est plus intéressant de dédier sa matinée aux petites tâches à abattre, pour ainsi profiter d'un taux de stress encore haut. Pour se pencher sur une mission demandant plus de calme et concentration, il vaut mieux travailer en fin de matinée (après 10 / 11h) puis en milieu d'après-midi (autour de 15h / 16h30). Pour des raisons évidentes de digestion, le moment qui suit le déjeuner n'est pas le plus productif. En revanche, profiter de ce moment pour se reposer voire faire une sieste peut accroître la vivacité dans l'après-midi. Par ailleurs, faire une pause toutes les 90 minutes permet de maintenir une plus grande concentration.

Le repos hebdomadaire : les bénéfices d'un week-end prolongé ne sont plus à prouver. Deux jours sont rarement suffisants pour récupérer sur sa semaine. Aussi, s'accorder ci et là des week-ends de trois jours est bénéfique pour la santé et potentiellement bien plus reposant que réserver toutes ses semaines de congés pour les poser à la suite durant l'été.

Mieux dormir : le meilleur moment pour aller au lit, c'est le moment où la température de votre corps baisse. Aussi, éviter les excitants (tels que le café ou la cigarette) et le sport après 20h peut vous aider à trouver le sommeil plus facilement. Mais aussi à avoir une meilleure mémoire des choses, puisque de votre qualité de sommeil dépend l'encodage et le stockage des informations à retenir.

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