
Six jours après le début de l'affaire Benalla, le président français est sorti mardi de son silence. "S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Je réponds au peuple français", a-t-il déclaré à Paris, devant les députés de la majorité.
"Ce qu'il s'est passé le 1er mai a été pour moi une trahison." Emmanuel Macron a réagi à l'affaire Benalla, dans la soirée du mardi 24 juillet, en s'invitant à une soirée d'élus et de membres du gouvernement à la maison de l'Amérique latine.
"Ça n'est pas la République des fusibles, la République de la haine. On ne peut pas être chef par beau temps. S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français", a déclaré le chef de l'État devant des députés de la majorité, alors que son silence sur ce dossier lui a été vivement reproché par l'opposition.
"C'est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla"
"La République exemplaire n'empêche pas les erreurs. S'ils cherchent un responsable, le seul responsable, c'est moi et moi seul. C'est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. C'est moi qui ai confirmé la sanction", a poursuivi le président, toujours selon des propos rapportés, alors qu'à l'Assemblée comme au Sénat, des commissions d'enquête sont en cours.

"Personne dans mon cabinet n'a jamais été soustrait aux lois de la République. Jamais", a-t-il assuré. Le président a aussi ajouté ne pas oublier qu'Alexandre Benalla "a été un militant très engagé pendant la campagne", mais a dit avoir "ressenti les actes du 1er-Mai comme une déception et une trahison".
Ironique, il avait entamé son intervention en affirmant qu'"Alexandre Benalla n'a jamais détenu les codes nucléaires, Alexandre Benalla n'a jamais occupé un appartement de 300 m2 à l'Alma, Alexandre Benalla n'a jamais gagné 10 000 euros, Alexandre Benalla lui non plus n'a jamais été mon amant".
"Des propos très surprenants"
"Ces propos sont très surprenants", a commenté sur France 24 Stéphane Robert, chef du service politique sur France culture, "puisque son directeur de cabinet Patrick Strzoda avait lui-même tout assumé, quelques heures plus tôt, devant la commission des lois à l'Assemblée nationale". "Il faut aussi souligner que Patrick Strzoda évoquait le fait que la sanction à l'encontre d'Alexandre Benalla n'avait pas été validée par Emmanuel Macron alors que le président de la République dit le contraire", ajoute le journaliste. "C'est problématique, cela rajoute de la confusion, on a le sentiment d'être dans l'improvisation."

Les députés LREM ont de leur côté largement salué ces propos. "C'était bienvenu", a commenté Olivier Véran, vantant un discours "fort", un autre député évoquant "une surprise espérée" après plusieurs journées plus que compliqués.
"Contre l'émotion de l'instant, contre la tentation de se défausser sur d'autres ou cet appel à ‘faire tomber des têtes’, le président prend toutes ses responsabilités et réfute ‘la République des fusibles’", a pour sa part vanté sur Twitter Aurore Bergé, une porte-parole du groupe LREM.
Avec AFP
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