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Le recensement national reporté sine die

Initialement prévu en octobre, le recensement national censé déterminer la composition ethnique de la société irakienne a été reporté. En cause : des tensions entre Bagdad et le Kurdistan au sujet de deux provinces du Nord.

AFP - Le premier recensement national complet depuis 22 ans, qui devait avoir lieu en octobre, a été reporté sine die pour des raisons politiques, a affirmé dimanche à Najaf le ministre irakien du Plan, Ali Baban.

"Le ministère du Plan était techniquement prêt à mener le recensement mais à cause des réserves des partis politiques des provinces de Ninive et Kirkouk, nous avons décidé de le reporter à une date ultérieure", a-t-il dit aux journalistes lors d'une conférence de presse.

Le ministre a fait cette déclaration après une entrevue avec le Grand Ayatollah Ali Sistani, guide spirituel de la communauté chiite en Irak.

Selon le porte-parole du ministère, "le recencement pourrait avoir lieu en avril ou en octobre" 2010.

Cette opération, qui devait mobiliser le 24 octobre 250.000 instituteurs et enseignants du secondaire, est politiquement très sensible car elle doit permettre de déterminer la composition ethnique de la société irakienne des montagnes du Kurdistan (nord) au littoral du Golfe (sud) en passant par Bagdad ou les zones désertiques de l'ouest.

Situées dans le nord de l'Irak, à la frontière avec la région autonome kurde, les provinces de Kirkouk et Ninive sont au coeur d'une dispute entre le gouvernement irakien et les autorités kurdes.

Le recensement intervient tous les 10 ans en Irak, les années en 7. Il n'a pu être organisé en 2007, compte tenu des violences confessionnelles qui faisaient rage. Et la population du Kurdistan n'avait pas été comptée en 1997.

Depuis le dernier recensement exhaustif de 1987, qui avait chiffré à 16 millions le nombre d'Irakiens, la population pourrait avoir presque doublé. L'ONU estime que l'Irak compte 29,6 millions d'habitants.

Identité, âge, sexe, fécondité, niveau d'éducation, emploi... Cette vaste enquête doit permettre de dessiner le profil socio-démographique de l'Irak, mais aussi de cartographier sa composition ethnique et de déterminer l'importance des communautés arabes, kurdes ou turcomanes.

La répartition ethnique est d'une importance cruciale pour de nombreuses zones disputées du nord et de l'est du pays, au premier rang desquelles le gouvernorat ethniquement mixte de Kirkouk et certaines parties de la province de Ninive, que les Kurdes revendiquent.

Pour éviter toute contestation, et assurer la transparence de l'opération, chaque questionnaire doit être signé par les familles recensées, et des enquêteurs iront par la suite vérifier la véracité des informations recueillies, avait indiqué en mai à l'AFP le vice-ministre du Plan, Mehdi al-Alak.

La religion, autre sujet sensible, est aussi abordée par le questionnaire, qui n'entre toutefois pas dans le détail des confessions.

Si le recensement peut donner une idée plus nette de l'importance d'une communauté chrétienne durement éprouvée depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, il ne dira rien de la répartition actuelle entre chiites et sunnites après les violences confessionnelles de 2006 et 2007.