Quelque 30 000 partisans de l'ex-Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra, condamné pour corruption, ont défilé dans les rues de Bangkok pour demander au souverain thaïlandais d'accorder une grâce à leur dirigeant.
AFP - Plus de 30.000 "chemises rouges", surnom des partisans de l'ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, ont manifesté lundi à Bangkok pour demander au roi de gracier leur dirigeant en exil condamné pour corruption, a indiqué la police.
M. Thaksin, homme d'affaires de 60 ans qui a gouverné la Thaïlande de 2001 à 2006 avant d'être renversé par des généraux royalistes, s'est adressé à ses supporters, grâce à une liaison par vidéo, pour souligner qu'il restait "loyal" à la monarchie et au souverain Bhumibol Adulyadej, âgé de 81 ans.
La manifestation, sous un ciel menaçant, s'est déroulée sur la place Sanam Luang, près du Grand Palais, où d'importantes forces de sécurité avaient été déployées pour parer à toute éventualité.
Les organisateurs ont affirmé disposer d'une pétition rassemblant plus de 3,5 millions de signatures demandant au roi Bhumibol d'accorder sa grâce à M. Thaksin, condamné par contumace en octobre dernier à deux ans de prison pour "conflit d'intérêt".
"Nous sommes ici aujourd'hui pour informer notre père, le roi de tous les Thaïlandais, que nous souhaitons l'unité et la réconciliation", a déclaré M. Thaksin qui portait lui-même une chemise rouge sur les images retransmises par un site web de l'opposition.
Le mouvement des "chemises rouges" avait été réprimé par l'armée en avril dernier à la suite de violentes manifestations lors d'un sommet asiatique à Pattaya, puis à Bangkok. Il a repris depuis sous une forme pacifique avec des rassemblements réguliers et la pétition qui a finalement été déposée lundi après-midi dans un bureau du Grand Palais.
Les documents rassemblant les millions de signatures avaient été placés dans dix boîtes enveloppées dans un tissu rouge. "La pétition a été remise pour demander une assistance royale afin de mettre fin aux souffrances du peuple", a déclaré Nattawut Saikur, un des lieutenants de M. Thaksin.
Abhisit Vejjajiva, devenu Premier ministre en décembre dernier à la faveur d'un renversement d'alliance au Parlement, a averti les "chemises rouges" que leur campagne n'avait aucun fondement légal et que seuls M. Thaksin et des membres de sa famille étaient en mesure de demander en personne la grâce du roi.
Depuis début 2006, la Thaïlande est secouée par d'incessantes manifestations entre partisans et adversaires de M. Thaksin qui reste populaire dans les régions rurales du nord d'où il est originaire. Il est, en revanche, détesté par une bonne partie des élites de Bangkok.