L'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et sa fille Maryam ont été arrêtés, vendredi à Lahore, à leur retour dans leur pays, où ils ont été condamnés la semaine dernière à de lourdes peines de prison pour corruption.
L'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, condamné la semaine dernière à dix ans de prison pour corruption, a été placé en détention à son arrivée au Pakistan vendredi 13 juillet, un développement qui pourrait durcir la campagne électorale des élections législatives prévues le 25 juillet.
Nawaz Sharif et sa fille Maryam, arrivés à Lahore à bord d'un vol en provenance d'Abou Dhabi, "ont été arrêtés" par les autorités anti-corruption et transférés dans la capitale pakistanaise, selon un communiqué de la municipalité d'Islamabad. Un responsable de l'autorité anti-corruption a confirmé la double arrestation sous couvert d'anonymat.
Ce retour intervient en outre alors que deux attentats meurtriers ont visé vendredi des réunions électorales dans l'ouest du pays, faisant plus de 130 morts, selon un bilan provisoire. Le plus meurtrier des deux, perpétré dans la province du Baloutchistan, a été revendiqué par l’organisation jihadiste État islamique (EI) et est le plus sanglant à frapper le Pakistan depuis 2014.
L'ancien chef de gouvernement et sa fille Maryam ont été condamnés respectivement à 10 ans et 7 ans de prison par un tribunal anti-corruption, il y a huit jours, alors qu'ils se trouvaient à Londres au chevet de leur épouse et mère, qui y est soignée pour un cancer.
"Je sais que (...) je serai emmené directement en prison", avait déclaré Nawaz Sharif dans une vidéo rendue publique plus tôt vendredi par son parti. "Je veux dire aux Pakistanais que j'ai fait cela pour vous (...) Marchez avec moi, joignez vos mains aux miennes et changeons la destination du pays", avait lancé celui qui reste très influent dans son pays et avait demandé à ses partisans de venir l'accueillir à l'aéroport.
Une "fraude pré-électorale criante"
Sa condamnation, dénoncée comme "politique" par son clan, a fait brusquement monter la tension avant des élections législatives prévues le 25 juillet, et que le PML-N, au pouvoir depuis 2013, espère remporter. Une tension accentuée lorsque son frère et chef du parti, Shahbaz Sharif, a affirmé que "des centaines de militants" du parti avaient été arrêtés ces derniers jours.
"Le monde entier sait que le PML-N est ciblé", a-t-il ajouté, dénonçant une "fraude pré-électorale criante". Quelque 15 000 de ses partisans étaient rassemblés et dansaient et chantaient vendredi après-midi dans une ville en partie bouclée, a constaté l'AFP. Des conteneurs de transport maritime avaient été placés près d'axes stratégiques, prêts à être utilisés pour bloquer la circulation. Près de 8 000 policiers avaient été déployés.
Dès avant la condamnation des Sharif et les attentats de vendredi, de nombreux observateurs s'étaient inquiétés du tour pris par la campagne électorale au Pakistan, où plusieurs cas d'enlèvements, pressions et menaces sur des médias et militants politiques ont été rapportés. Mise en cause, l'armée dément toute implication.
Nawaz Sharif avait été destitué par la Cour suprême de son poste de Premier ministre en juillet 2017 après des révélations sur de luxueux biens immobiliers détenus par sa famille via des holdings off-shore.
La justice pakistanaise lui a ensuite interdit de diriger son parti, puis de participer à tout scrutin à vie. Son clan nie toute malversation et affirme que Nawaz Sharif est victime d'une conspiration ourdie par la puissante armée pakistanaise.
Avec AFP