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En liberté conditionnelle, Clotilde Reiss attend le verdict de Téhéran

Libérée depuis dimanche soir, la jeune femme reste sous contrôle judiciaire à l'ambassade de France à Téhéran. Selon le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, elle a été libérée contre une caution d'environ 200 000 euros.

Après plus d’un mois et demi d’imbroglio diplomatique entre la France et l’Iran, Clotilde Reiss est finalement sortie de prison dimanche soir. L’universitaire française a été libérée sous caution mais reste sous contrôle judiciaire. Selon la présidence française, elle est hébergée à l'ambassade de France. Le ministre des Affaire étrangères Bernard Kouchner a précisé que la caution versée pour sa libération conditionnelle était d'environ 200 000 euros.

Le père de la jeune femme, Rémi Reiss, a pu joindre par téléphone sa fille dans la voiture de l’ambassadeur, juste après sa remise en liberté. 

"Je l’ai eue au téléphone et je l’ai trouvée en bonne forme. Sa libération est un profond soulagement, témoigne Rémi Reiss sur l’antenne de FRANCE 24. C’est une première étape et je suis très confiant pour la suite", a-t-il ajouté, précisant toutefois qu’il ne savait pas quand sa fille pourrait rentrer en France.

L'Elysée indique dans un communiqué que la jeune femme de 24 ans, est "en bonne santé", et qu’elle "garde un bon moral". Le président de la République s’est entretenu avec elle au téléphone à sa sortie de prison. Nicolas Sarkozy a demandé à nouveau l’abandon "au plus vite" des procédures judiciaires à l’encontre de Clotilde Reiss.

Mais cette libération demeure "conditionnelle", assortie à un contrôle judiciaire et au paiement d’une caution. Hébergée à l’ambassade de France à Téhéran, Clotilde Reiss reste dans l’attente du verdict du tribunal révolutionnaire.

Interrogé sur France 2 dimanche soir, peu de temps avant l’annonce de la libération conditionnelle de la jeune universitaire, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, indiquait que le jugement pourrait être rendu "dans huit jours, peut-être un peu plus".

Le rôle de Damas 

Dans un communiqué rendu public dimanche soir, l’Elysée a "remercié les pays de l'Union européenne et d'autres pays amis, comme la Syrie, qualifiée de "pays ami", de la solidarité et de l'appui qu'ils nous ont apportés et continueront de nous apporter", pour la libération de l’universitaire.

Paris a en effet activé ses relais diplomatiques dans la région pour faire libérer Clotilde Reiss, notamment l’allié stratégique de l’Iran dans la région contre les monarchies pétrolières du Golfe : la Syrie.

Damas semble avoir joué un rôle important dans cette libération conditionnelle, et Paris a bénéficié du rapprochement opéré avec la diplomatie syrienne depuis quelques années, marqué par la présence du président Bachar al-Assad à la parade du 14-Juillet en 2008.

La Syrie avait déjà été tout particulièrement remerciée lorsque la France avait obtenu, mardi dernier, la remise en liberté de Nazak Afshar, l’employée franco-iranienne de son ambassade à Téhéran également emprisonnée pour sa participation à des manifestations post-électorales.

Le correspondant de l’Agence France-Presse à Téhéran, Pierre Célerier, précise que le président syrien Bachar al-Assad doit rendre visite à son allié iranien cette semaine, mardi ou mercredi.

C’est à cette occasion que Téhéran pourrait annoncer la libération définitive de Clotilde Reiss et son expulsion vers la France.

Des accusations "hautement fantaisistes"

La Française était jugée avec 110 autres personnes, dont des membres des ambassades françaises et britanniques, accusées d’être mêlées au mouvement de protestation qui a suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

Clotilde Reiss avait travaillé pendant cinq mois dans une université d’Isfahan, une ville située dans le centre du pays. Elle avait été arrêtée le 1er juillet à l'aéroport de Téhéran, alors qu'elle était sur le point de quitter le pays. Elle est accusée d’avoir envoyé par mails des photos prises lors des manifestations anti-Ahmadinejad.

Lors de son procès, Clotilde Reiss a reconnu avoir commis des "erreurs" et a demandé "pardon au pays, au peuple et au tribunal d'Iran", indiquant qu’elle espérait une grâce de la part du tribunal.

La France avait alors qualifiée de "hautement fantaisistes" les accusations dont a fait l’objet la jeune femme, "coupable de rien du tout", selon Bernard Kouchner.