
Pour la deuxième fois de son mandat, Emmanuel Macron a réuni le Congrès à Versailles, lundi, afin de présenter ses priorités pour l'année à venir. Le président français veut réduire les dépenses publiques et bâtir l'État-providence du XXIe siècle.
Le président Emmanuel Macron s'est exprimé, lundi 9 juillet, devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles afin de défendre son bilan et tracer le cap économique et social de son action pour l'année à venir.
La richesse : un gâteau à se partager
Devant le Congrès, le président français s'est défendu contre le surnom de "président des riches" qui le poursuit depuis le début de son quinquennat en raison des réformes fiscales mises en places depuis un an, et notamment la suppression de l'impôt sur la fortune.
"Une politique pour les entreprises, ce n'est pas une politique pour les riches. C'est une politique pour toute la nation, une politique pour l'emploi, une politique pour les services publics", a justifié Emmanuel Macron.
Si l’on veut partager le gâteau, la première condition est qu’il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises rassemblant actionnaires, dirigeants et travailleurs, ce sont les producteurs, qui font ce gâteau, et personne d’autre. #CongrèsVersailles
Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 juillet 2018"Si l'on veut partager le gâteau, la première condition est qu'il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises, rassemblant dirigeants, actionnaires et travailleurs, ce sont les producteurs qui font ce gâteau", a-t-il poursuivi en filant une métaphore culinaire.
L'objectif du gouvernement, c'est de "libérer l'investissement en France par une fiscalité adaptée, compétitive, c'est faire revenir dans notre pays les investisseurs étrangers qui l'avaient quitté. L'État doit assumer ce choix", a-t-il conclu.
Une baisse des dépenses publiques annoncée
Le Premier ministre, Edouard Philippe, "présentera dans les prochaines semaines les nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse de nos dépenses publiques", a déclaré le président français, promettant "des choix forts et courageux".
"Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l'investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses", a affirmé le chef de l'État, ajoutant que "tout le monde souhaite la baisse des impôts (...) mais nul ne veut jamais les assumer lorsqu'elles sont décidées".
Le plan pauvreté mis en œuvre en 2019
Le président est revenu sur le futur plan pauvreté, initialement annoncé pour le 10 juillet et dont le report fait polémique. Emmanuel Macron a affirmé qu’il sera présenté "en septembre" et mis en œ uvre "en 2019", en promettant "un accompagnement réel vers l'activité" pour les personnes "les plus fragiles".
"Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d'investissement et d'accompagnement social. Non pas de nouvelles aides, en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l'activité", a-t-il promis.
Interrogé sur les raisons du report, le gouvernement a invoqué la "concertation importante avec l'ensemble du monde associatif", et le fait que "c'est aussi un sujet de discussion avec les départements, qui ont un rôle important à jouer sur les questions de RSA, d'aide sociale à l'enfance".
"La solidarité nationale se traduit dans l'aide que nous devons de manière inconditionnelle aux plus fragiles", a déclaré Emmanuel Macron, insistant à plusieurs reprises dans son discours sur la notion de "justice". "Je veux une stratégie de lutte contre la pauvreté qui ne permette pas à nos concitoyens pauvres de vivre mieux, mais bien de sortir de la pauvreté une bonne fois pour toute."
Bâtir l'État-providence du XXIe siècle
La priorité pour l'année qui vient est de bâtir "l'État-providence du XXIe siècle", "Un État-providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant", qui doit s'articuler entre des droits et des devoirs, a promis Emmanuel Macron. Le chef de l'État a proposé aux partenaires sociaux de réviser les règles de l'assurance chômage pour encourager le retour à l'emploi et il a rappelé qu'il souhaitait voir une réforme des retraites votée en 2019.
La priorité de l’année qui vient est simple : nous devons construire l’État-providence du 21ᵉ siècle. Couvrant davantage, protégeant mieux, s’appuyant sur les mêmes droits et devoirs pour tous. #CongrèsVersailles
Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 juillet 2018Un cadre pour l'Islam
Emmanuel Macron a également annoncé sa volonté de donner à l'automne un "cadre" à l'islam, prévenant qu'aucune remise en cause des principes républicains ne serait acceptée.
"Il faut que tout le monde sache qu'en France la liberté individuelle, de penser, de critiquer, l'égalité des femmes et des hommes, le respect des choix individuels tant qu'il n’attentent pas aux droits des citoyens sont des principes intangibles", a-t-il souligné. "Nulle mise en cause de ces principes ne peut être acceptée sur le fondement d’un dogme religieux (...) Je sais que l'immense majorité de nos concitoyens musulmans le savent, le partagent et l'approuvent".
"C'est pourquoi, dès l'automne nous clarifierons cette situation en donnant à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'appliquera partout de manière conforme aux lois de la République", a indiqué le chef de l'État.
Emmanuel Macron, qui avait prévu initialement de faire des annonces sur l'islam au premier semestre 2018, a prévenu en février qu'il ne dévoilerait "une proposition que quand le travail sera abouti" et revendiqué sa méthode consistant à "avancer touche par touche". Pendant la campagne présidentielle, jugeant les musulmans de France "mal représentés", il avait notamment souhaité la mise en place d'une "nouvelle structure" ainsi que la formation des imams "sur le sol français et de façon adaptée aux valeurs de la République".
Avec AFP et Reuters