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Trumphotels.org : un républicain s’attaque à la politique migratoire de Trump

Le site parodique Trumphotels.org présente les centres d’accueil de migrants comme des hôtels de l’empire Trump. Il a été créé par un militant républicain qui veut démontrer que les démocrates n’ont pas le monopole de l’indignation.

C’est un conservateur américain en colère contre son président. Le militant républicain Loren Collins a révélé, mardi 26 juin, être le créateur de Trumphotels.org, un site parodique qui avait tout d’une initiative démocrate. Si Trumphotels.com pointe vers la vitrine en ligne des hôtels de l’empire Trump, le .org, quant à lui, dirige l’internaute vers un site critiquant la politique migratoire du président américain. Mis en ligne le 21 juin, il présente les très décriés centres d’accueil des migrants à la frontière américano-mexicaine comme les nouveaux hôtels du président-milliardaire.

Au lieu des images des paysages paradisiaques et de chambres tout confort, l’internaute est accueilli sur Trumphotels.org par des photos de migrants derrière des barreaux et des vidéos sur les conditions de vie dans ces centres. Les slogans publicitaires sur la douceur de vivre au rythme des activités d’un hôtel cinq étoiles ont été remplacés par “les pensées de notre directeur”. Il s’agit d’une sélection des déclarations les plus incendiaires de Donald Trump sur les migrants, comme celles où il qualifie les Mexicains de “tueurs et violeurs”.

Huit dollars pour un nom de domaine

Une dénonciation de la politique migratoire de l’administration Trump, chère à la gauche américaine. Le sénateur démocrate de Virginie, Tim Kaine, fait le même parallèle sur Twitter, le 18 juin, en postant des images d’enfants dans les centres d’accueil sous le titre “les vrais hôtels de Trump”.

The real Trump Hotel. pic.twitter.com/PP6nIbzNQR

  Tim Kaine (@timkaine) 18 juin 2018

Mais Loren Collins veut démontrer que les démocrates n’ont pas le monopole de l’indignation. Ce juriste de 40 ans a décidé de créer son site parodique après avoir repéré le hashtag #trumphotels, utilisé pour dénoncer la politique de “tolérance zéro” de l’administration de l'actuel président à l’égard des migrants.

Après une rapide recherche sur Internet, il a découvert que l’extension .org pour le nom de domaine trumphotels était disponible. Une erreur de débutant pour une marque telle que Trump inc. et une opportunité pour Loren Collins. Il a acquis l'extension pour huit dollars, et en a dépensé huit de plus pour une option lui permettant de cacher son identité. Une précaution justifiée, d’après lui, par la propension de l’administration Trump à s’en prendre nommément à ses détracteurs.

Mais il a finalement décidé de sortir de l’anonymat pour dénoncer un président “ignorant, pathologiquement malhonnête” dont la politique "salit les républicains et le conservatisme américain”, a-t-il expliqué à l’Atlanta Magazine.

Témoignages de migrants

La polémique autour de la pratique de séparer les enfants de leurs parents à la frontière entre les États-Unis et le Mexique serait, à ses yeux, symptomatique d’un président qui confond valeurs conservatrices et théories du complot. L’écho positif auprès de sa base électorale de ses sorties sur la vague de “criminels” mexicains prêts à envahir le pays aurait poussé Donald Trump à pratiquer la politique de la “tolérance zéro” à la frontière.

“Je n’arrive même plus à m’identifier comme républicain depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir”, reconnaît, sur le site Gizmodo, Loren Collins, simple militant qui était allé jusqu'à se présenter sous la bannière des républicains à une élection locale en Georgie en 2015.

Pour continuer d’alimenter trumphotels.org, il compte recueillir des témoignages de migrants passés par les camps à la frontière et les afficher sur son site comme des avis de clients. Mais Loren Collins ne sait pas s’il aura le temps de le faire : il s’attend à recevoir, d’un jour à l’autre, une réclamation de l’organisation Trump lui demandant de leur remettre les clefs du nom de domaine. Même s’il est convaincu d’être dans son bon droit, il n’est pas sûr d’être prêt à engager une bataille juridique avec la multinationale du président des États-Unis pour conserver son site. Mais il serait prêt à transiger en contrepartie d'une autre revendication de longue date des démocrates : les déclarations fiscales de Donald Trump pour les dix dernières années.