Lors d'un mini-sommet de crise à Bruxelles sur la question migratoire réunissant les dirigeants de 16 pays européens, Paris et Berlin ont plaidé pour la mise en place d'accords à plusieurs pays, faute d'obtenir de consensus à 28.
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont appelé, dimanche 24 juin, à des accords à plusieurs pays sur les défis migratoires, pour contourner l'absence de consensus qui paralyse l'UE, encore illustrée par le blocage d'un nouveau navire au large de Malte avec 239 migrants à son bord.
Une annonce qui est intervenue à Bruxelles où les dirigeants de 16 pays européens étaient réunis pour participer à un mini-sommet visant à apaiser le climat de tension face aux questions migratoires.
Cette "réunion informelle" n'a pas débouché sur des mesures concrètes, mais elle a été "utile", a estimé à son issue le président français. Elle a notamment "permis d'écarter des solutions pas conformes à nos valeurs, comme les stratégies de refoulement", a t-il déclaré, plaidant pour une "solution européenne [qui] se construira uniquement sur la coopération entre les États membres de l'UE, que ce soit une coopération à 28 ou entre plusieurs États qui décident d'avancer ensemble".
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Angela Merkel avait évoqué plus tôt la nécessité de trouver des "accords bilatéraux ou trilatéraux dans l'intérêt mutuel", en partant du principe que le sommet à 28, programmé les 28-29 juin à Bruxelles, "n'apporterait pas encore de solution globale au problème des migrations".
"Mouvements secondaires"
Paris et Berlin ont notamment mis l'accent sur la nécessité de résoudre le problème des "mouvements secondaires", c'est-à-dire des demandeurs d'asile qui se déplacent dans l'UE, au lieu de rester dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'attente d'une décision sur leur cas.
Le président du Conseil populiste italien Giuseppe Conte s'est dit "très satisfait" à l'issue de la rencontre, lors de laquelle il a exposé ses propositions.
Selon un document vu par l'AFP, Rome a notamment appelé à "dépasser" le principe du Règlement de Dublin, qui confie aux pays de première entrée dans l'UE la responsabilité des demandes d'asile, et dont la réforme est au point mort depuis plus de deux ans, en raison notamment de l'opposition frontale des pays de Visegrad, opposés à toute mesure de répartition. L'Italie demande aussi dans son texte des "sanctions financières" contre les pays n'accueillant pas de réfugiés, comme l'a également souhaité Emmanuel Macron la veille.
Un navire de l'ONG allemande Lifeline a été bloqué au large de Malte avec 239 migrants à son bord, l'Italie puis Malte lui ayant refusé l'accostage. Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini a sommé les ONG internationales de se tenir à l'écart des opérations de secours de migrants et de laisser les garde-côtes libyens se charger de cette tâche. "Les ports italiens sont et seront fermés à ceux qui aident les trafiquants d'être humains", a-t-il souligné. Dans la soirée, Matteo Salvini a annoncé que les garde-côtes libyens avaient recueilli en mer et ramené en Libye plus de 820 migrants dans la journée de dimanche.
Tous les pays européens sont désormais d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, mais ils continuent de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux s'y trouvant déjà. Et ce malgré la chute massive des arrivées sur les côtes européennes constatée depuis 2016.
Avec AFP