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En chiffres : l'Italie face au défi migratoire

Le refus de l'Italie de laisser débarquer dans un de ses ports les 629 migrants de l'Aquarius fait ressurgir la question migratoire déjà au coeur de la dernière campagne électorale.

Pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition entre la Ligue et le Mouvement Cinq étoiles, l'Italie a refusé d'accueillir dans l'un de ses ports le navire humanitaire 'Aquarius', transportant 629 migrants rescapés d'une traversée de la Méditerranée. Alors que la question migratoire a été au cœur de la dernière campagne électorale italienne, voici la situation en quelques chiffres :

  • 690 000 migrants ont débarqué depuis 2013

Selon l'Institut italien des statistiques (Istat), les étrangers en situation régulière représentent 5 millions de personnes sur les 60,5 millions d'habitants en Italie, soit 8,3 % et autant que les Italiens résidant à l'étranger. Ils sont principalement Roumains (23 %) [sachant que la Roumanie est un pays membre de l'Union européenne], Albanais (9 %), Marocains (8%), Chinois (5,5%), Ukrainiens (4,5%), Philippins (3,3%) et Indiens (3%) et travaillent dans le petit commerce, l'aide à domicile ou encore l'agriculture.

Le nombre de personnes originaires pour la plupart d'Afrique sub-saharienne qui ont débarqué depuis 2013 est de plus de 690 000. Une partie de ces personnes se trouve toujours dans le pays, avec ou sans papiers. Selon plusieurs estimations, les clandestins sont autour de 500 000, déboutés du droit d'asile ou arrivés avec un visa désormais expiré.

  • Un impact économique contrasté

Selon le centre d'études sur l'immigration Idos, les immigrés rapportent entre 2,1 et 2,8 milliards d'euros de plus qu'ils ne coûtent aux comptes publics : plus jeunes que la moyenne des Italiens, ils cotisent plus qu'ils ne perçoivent de retraites ou de remboursements de santé.

Cependant, les arrivées via la Libye ont coûté à l'État plus de 4,2 milliards d'euros en 2017, selon le gouvernement : 18 % pour les secours en mer, 13 % pour l'assistance sanitaire et 65 % pour les centres d'accueil pour demandeurs d'asile. En 2013, il y avait 22 000 personnes dans ces centres. Fin janvier, le chiffre était monté à 182 000 grâce au développement de structures privées – présentes dans 40 % des communes – auxquelles l'État verse 35 euros par personne et par jour.

  • Des flux migratoires suspendus à la situation en Libye

Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et patron de la Ligue (extrême droite), a promis de stopper le flux d'arrivées et d'expulser des centaines de milliers de clandestins. Mais l'avenir des flux via la Libye dépendra avant tout de la stabilisation du pays et de la pérennisation des accords controversés conclus par Rome avec les autorités et des milices libyennes, qui ont permis de faire nettement baisser les arrivées depuis l'été 2017.

Quelque 13 808 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes entre le 1er janvier et le 8 juin, soit une baisse de plus de 84 % sur un an. Et l'expulsion de foules de clandestins devra être précédée d'une multiplication des accords avec les pays d'origine. Un effort en ce sens a permis une hausse de 12 % des expulsions en 2017 : selon le ministère de l'Intérieur, elles sont passées de 5 817 en 2016 à 6 514 l'an dernier.

Avec AFP