
Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a fait libérer samedi quarante prisonniers supplémentaires, dont de nombreux opposants politiques. Certains restent sous étroite surveillance.
Sous pression internationale depuis sa réélection contestée, le président vénézuélien, Nicolás Maduro, continue de libérer des prisonniers politiques. Samedi 2 juin, le gouvernement a annoncé la libération de quarante opposants supplémentaires, ce qui porte le nombre total de prisonniers libérés à 80 en deux jours.
"Aujourd'hui, ils sont quarante (...) à avoir bénéficié d'importants aménagements de peine", a annoncé le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, dans une allocution à la télévision nationale.
Il n'a pas précisé combien de détenus allaient être libérés au total. La veille, quarante premiers prisonniers accusés de délits politiques avaient été remis en liberté sur décision du chef de l'État, dont des figures importantes de l'opposition, tel l'ancien maire de San Cristobal, Daniel Ceballos, et le général à la retraite Angel Vivas.
Parmi les détenus libérés samedi figure le député suppléant Gilber Caro, 44 ans, emprisonné depuis janvier 2017 sous l'accusation de trahison de la patrie et de vol d'armes des forces armées. De même pour Raul Emilio Baduel, fils du général emprisonné Raul Isaias Baduel, un ex-allié du défunt président Hugo Chavez, dégradé en mars dernier par le président Maduro sous l'accusation de conspiration.
2Junio 11:00 p.m., fueron Excarcelados Wilmer Azuaje y Yovani Gonzalez, presos políticos de #Barinas recluidos en la Cárcel 26 de Julio, podrán abrazar a sus familias. pic.twitter.com/HoVc5sSP2n
Lucía Quintero R (@lushia22) 3 juin 2018Son fils Raul avait été incarcéré le 21 mars 2014 et condamné à huit ans de prison pour "incitation (à la rébellion) publique, intimidation et complot" contre l'État.
L'ex-député de Barinas (ouest), Wilmer Azuaje, arrêté en mai 2017 pour complot, figure également parmi les libérés. En juillet dernier, une photo de lui était parue, enchaîné à un escalier dans un cachot des services de renseignement à Caracas.
Interdiction de parler à la presse
Avant de recouvrer la liberté, les détenus comparaissent lors d'une cérémonie devant la présidente de l'Assemblée constituante, Delcy Rodriguez, en charge des libérations via une Commission de la vérité.
"Il faut s'éloigner de la haine et de l'intolérance, il faut chercher les voies démocratiques et pacifiques", a déclaré la responsable chaviste aux détenus libérés samedi, ajoutant que ces libérations se faisaient "au nom de la paix" et de la "réconciliation".
Les prisonniers libérés restent soumis à des mesures de contrôle, notamment l'interdiction de quitter le pays. La plupart ne sont pas autorisés à s'exprimer devant la presse.
Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 350 "prisonniers politiques", ce que le gouvernement socialiste dément.
La semaine dernière, quatorze manifestants incarcérés depuis avril avaient été libérés, selon une ONG, au lendemain de la prestation de serment pour un deuxième mandat de Nicolás Maduro, dont la réélection le 20 mai est très contestée par la communauté internationale.
Devant l'Assemblée constituante, uniquement constituée de ses partisans, Nicolás Maduro avait proposé de libérer des opposants incarcérés pour "surmonter les blessures laissées par les manifestations, les conspirations".
Avec AFP