Le journaliste russe Arkadi Babchenko, annoncé mort par les autorités ukrainiennes mardi, est apparu vivant lors d'une conférence de presse, mercredi. La police ukrainienne a expliqué avoir ainsi déjoué un projet d'assassinat le visant.
Le journaliste russe critique du Kremlin Arkadi Babchenko, 41 ans, dont les autorités ukrainiennes avaient annoncé mardi 29 mai la mort, est en réalité vivant et est apparu devant la presse au lendemain de l'annonce de son assassinat.
La réaction des collègues d'Arkadi Babchenko quand ils le voient vivant à la télévision
Реакція журналістів ATR ????
Відео - Kateryna Lisunova pic.twitter.com/GmkBcXc157
Le chef des services ukrainiens de sécurité (SBU), Vassyl Grytsak, a expliqué avoir mis en scène sa mort pour déjouer un assassinat, selon lui commandité par la Russie. "Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes", a-t-il déclaré.
Le journaliste est apparu bien vivant lors de cette conférence de presse et a présenté ses excuses à ses proches, particulièrement à sa femme Oletchka, pour avoir été contraint de les laisser croire à sa mort. "Je suis désolé mais il n'y avait pas d'autre possibilité. Il a fallu deux mois pour préparer l'opération. J'ai été mis au courant il y a un mois. À la suite de cette opération, un homme a été arrêté, il est en détention", a-t-il expliqué.
"Nous avons interpellé l'organisateur de ce crime (...) à Kiev", a opiné Vassyl Grytsak, affirmant que l’individu arrêté avait reçu 40 000 dollars de la part des "services spéciaux russes" pour préparer l'assassinat du journaliste.
Exilé depuis 2017
Arkadi Babchenko a quitté la Russie en février 2017, dénonçant une "campagne effroyable" de "harcèlement" à son égard après une publication sur les réseaux sociaux concernant le crash d'un avion militaire russe en route pour la Syrie, fin 2016. Le journaliste, qui disait avoir alors reçu des "milliers" de menaces, a d'abord vécu en République tchèque et en Israël, avant de s'installer à Kiev.
Le ministère russe des Affaires étrangères s’est réjoui, mercredi, du fait que son ressortissant soit finalement en vie, mais a dénoncé une manœuvre de "propagande" de la part de l’Ukraine. L'annonce de la mort du journaliste avait déclenché une violente guerre des mots entre Kiev et Moscou.
Pour le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, si la réapparition du journaliste est "un grand soulagement", "il est navrant et regrettable que les services ukrainiens aient joué avec la vérité, que qu'en soit le motif".
RSF exprime sa plus vive indignation à la découverte de la manipulation des services secrets ukrainiens pour leur guerre de l'information. Il est toujours profondément dangereux que des États jouent avec les faits, et de surcroît sur le dos des journalistes. https://t.co/4Wnwh0Pj9F
Christophe Deloire (@cdeloire) 30 mai 2018Avant sa réapparition, Arkadi Babchenko était censé avoir été retrouvé touché par balle à son domicile, dans la périphérie de Kiev. "Sa femme était dans la salle de bains, elle a entendu un coup sec. Quand elle est sortie, elle a vu son mari ensanglanté", avait raconté le porte-parole de la police nationale, Iaroslav Trakalo.
La police ukrainienne avait alors déclaré privilégier la piste d'un assassinat lié à la profession de cet ancien soldat russe devenu reporter de guerre.
Avec AFP et Reuters