logo

L'Allemagne divisée sur les commémorations du 200e anniversaire de Karl Marx

En Allemagne, une série de commémorations célébrant les 200 ans de la naissance de Karl Marx, considéré comme le père du communisme, ont provoqué la colère d'une partie de la population. Le parti d'extrême-droite AfD, entre autres, proteste.

Un parfum de discorde flotte sur l’Allemagne, en ce samedi 5 mai 2018. Il y a deux siècles naissait Karl Marx à Trèves, ville proche de la France et du Luxembourg, et les Allemands célèbrent ce bicentenaire dans une atmosphère polémique. Plusieurs manifestations visant à dénoncer l'héritage politique du philosophe de la "dictature du prolétariat" sont ainsi prévues.

À Trèves, une exposition permanente a été inaugurée dans la maison natale de l'auteur du "Capital", et au total, pas moins de 600 événements dont des expositions, concerts, pièces de théâtre et conférences, sont prévus dans les mois à venir.

En ce qui concerne ce 5 mai, le clou des célébrations a eu lieu en fin de matinée : l'inauguration controversée d'une statue en bronze du penseur allemand, haute de 5,5 mètres et offerte par la Chine, pays toujours officiellement communiste.

"Déboulonnons Marx !"

De quoi faire grincer des dents dans une Allemagne où la partition du pays pendant des décennies et la répression en RDA communiste ont laissé des traces. Plusieurs contre-manifestations étaient ainsi prévues dès samedi matin. "Nous voulons protester bruyamment contre l'inauguration de la statue", tonne Dieter Dombrovski, président de l'Union des groupes de victimes de la tyrannie communiste.

La nouvelle statue de Karl Marx à Trêves #Marx200 pic.twitter.com/5wfh6RCClW

  Red Octopus ???? (@spartakix) 5 mai 2018

"N'oublions pas les victimes du communisme. Déboulonnons Marx !", a lancé de son côté le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a en grande partie bâti ses succès aux dernières élections législatives sur ses scores dans l'ex-Allemagne de l'Est.

Le maire de Trèves, le social-démocrate Wolfram Leibe, rejette les critiques qui l'accusent d'avoir accepté la statue pour chercher à charmer touristes et investisseurs chinois, et affirme qu’il s'agit d'"un simple geste d'amitié" de Pékin.

Même le président de la Commission européenne, le conservateur Jean-Claude Juncker, y est allé de son hommage : "Marx n'est pas responsable de toutes les atrocités dont ses héritiers supposés doivent répondre", a-t-il dit vendredi soir à Trèves, lors d'une cérémonie du bicentenaire.

Avec AFP