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Shah Marai, celui qui photographiait "la mer, plutôt que l'écume"

A la une de la presse, ce mardi 1er mai, la présentation par le Premier ministre israélien de documents prouvant selon lui la volonté de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. La série d’attentats, hier, à Kaboul et Kandahar, en Afghanistan. Des attaques qui ont coûté notamment la vie à un grand photojournaliste afghan, Shah Marai.

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A la une de la presse, ce matin, la présentation, hier, par le Premier ministre israélien, de «documents» prouvant selon lui que l’Iran a cherché à se doter de l’arme nucléaire au début des années 2000.

Vraies révélations ou faux scoop? D’après Benyamin Netanyahou, les quelque 100 000 documents récupérés par les services de renseignement israéliens, prouvent que Téhéran a «menti» en 2015, lorsqu’il a signé l’accord sur le nucléaire iranien - un «mensonge» évoqué à la une d’Israël Hayom, qui montre le Premier ministre en pleine démonstration télévisée. «Netanyahou révèle le programme nucléaire secret de l’Iran», titre The Jerusalem Post, qui juge que les éléments présentés hier «convaincront définitivement» tous ceux qui demandent l’annulation, ou du moins la révision, de l’accord de 2015, notamment le président américain Donald Trump, qui doit annoncer le 12 mai s'il «déchire» ou non le texte, comme il l'a souvent promis.

Haaretz n’est pas convaincu. «Netanyahou tente, mais échoue à enterrer l’accord sur le nucléaire iranien avant que Donald Trump ne le tue», commente le quotidien israélien, qui se dit «peu impressionné par sa chorégraphie à la Ted Ex», et juge que non, le Premier ministre n’a pas apporté «la preuve ultime» que l’Iran a toujours l’intention de se doter de l’arme nucléaire. «En réalité, assène le journal, le Nétanyahou joue le rôle de pom-pom girl d’avant-match pour Trump», «en prenant le risque de pousser à une confrontation entre les Etats-Unis et l’Iran, exactement comme il l’avait fait en 2002 avec Saddam Hussein». A l’époque, Benyamin Netanyahou avait affirmé devant le Congrès américain que l’Irak tentait de se doter de l’arme nucléaire.

Pour le journal saoudien Arab News, le Premier ministre israélien aurait produit hier des documents prouvant que l’Iran dispose de «plans secrets pour avoir la bombe nucléaire» - des accusations dont Téhéran se défend avec vigueur. A la une du journal Iran Daily, le Guide suprême Ali Khamenei s’adresse, lui, directement aux Etats-Unis, dont il dénonce la volonté de provoquer un «conflit régional», en poussant son allié saoudien et «certains autres pays» à entrer en confrontation avec l’Iran.

A la une également ce matin, la série d’attentats qui ont touché Kaboul et Kandahar, en Afghanistan, des attaques qui ont tué au moins 37 personnes. D’après l’Unicef, cité par Le Monde, l’attaque de Kandahar a notamment coûté la vie à onze enfants âgés de 6 à 11 ans, qui s’étaient massés autour d’un convoi de l’OTAN. Plus tôt dans la matinée, le double attentat de Kaboul revendiqué par le groupe Etat islamique a tué au moins 25 personnes, dont neuf journalistes. The Afghanistan Times évoque une journée de «terreur insensée», et déclare que «les attaques directes contre des civils, transformées en pièges pour les journalistes, relèvent d’une cruauté qu’aucune loi au monde ne saurait justifier». D’après The New York Times, la journée d’hier a été la plus meurtrière depuis au moins 2002 pour les journalistes en Afghanistan.

Parmi eux, se trouvait Shah Marai, un photographe afghan de l’Agence France Presse. Le journaliste avait commencé à couvrir la situation en Afghanistan en 1998, d’abord comme fixeur puis comme photographe pour l’AFP, qui a diffusé, au cours de ses vingt ans de carrière, plus de 18 000 de ses photos dans le monde entier. Ses images ont fait le tour de la planète, rappelle le site américain The Atlantic, qui republie quelques-unes d’entre elles. Les enfants et la jeunesse, qui semblaient inspirer davantage Shah Marai, que le sang et la guerre, comme en témoigne la plus célèbre, sans doute, de ses photos, partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux, depuis hier, celle d’un jeune vendeur de ballons de Kaboul, photographié en 2013.

A Shah Marai, nous dédions cette photo publiée sur le site de France 24, signée par l’un de ses confrères, lui aussi photographe pour l’AFP, Francisco Leong. La photo du surfeur brésilien Rodrigo Koxa, qui a battu dimanche le record du monde de la plus grande vague jamais surfée. Ca s’est passé à Nazaré, au Portugal. «Les événements sont l’écume des choses, ce qui m’intéresse, c’est la mer», a dit l’écrivain Paul Valéry. Merci à Shah Marai d’avoir photographié, pendant vingt ans, la mer, plutôt que l’écume.

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