Sitôt après avoir été défait, mardi, par le Parlement qui n'a pas validé sa candidature au poste de Premier ministre, le chef de l'opposition arménienne, Nikol Pachinian, a appelé au blocage du pays.
Le Parlement arménien, réunion en session extraordinaire, a rejeté mardi 1er mai la candidature de Nikol Pachinian au poste de Premier ministre de l'Arménie. Le chef de l'opposition a immédiatement appelé au "blocage total" des routes, trains et aéroports du pays.
S'exprimant devant des dizaines de milliers de partisans réunis mardi soir dans la capitale Erevan, il les a appelés à "la désobéissance civile". Nikol Pachinian avait promis quelques heures plus tôt un "tsunami politique" s'il n'était pas élu.
Au terme de sept heures de débats et de discours, sur les 100 députés ayant voté, 55 se sont exprimés contre Nikol Pachinian et 45 ont donné leurs voix au chef de la contestation antigouvernementale, dont les partisans sont des dizaines de milliers à s'être réunis dans le centre d'Erevan pour le soutenir.
Dans la matinée, la place de la République, située au cœur de la capitale, était déjà à moitié pleine, alors qu'elle peut accueillir jusqu'à 50 000 manifestants, constatait un journaliste de l'AFP sur place. Des manifestants agitaient des drapeaux nationaux et scandaient "Pachinian est Premier ministre" devant un écran géant où étaient diffusés en direct les débats au Parlement.
Le parti au pouvoir cherche à gagner du temps
Le Parti républicain, au pouvoir en Arménie, avait annoncé avant le vote que ses députés ne donneraient pas leur voix à Nikol Pachinian, seul candidat au poste de Premier ministre.
"Monsieur Pachinian, je ne vous vois pas au poste de Premier ministre, je ne vous vois pas comme commandant en chef", a notamment martelé Edouard Charmazanov, porte-parole du Parti républicain et vice-président du Parlement. "Nous devons choisir une personne qui n'est pas imprévisible (...) On ne peut pas être un peu socialiste et un peu libéral", a-t-il estimé.
Prochaine étape pour les parlementaires arméniens : un nouveau vote qui aura lieu dans une semaine. "Une sorte de délai que s’est donné le Parti républicain face à la pression de la rue. Ils se donnent du temps pour décider de la stratégie à adopter face à leurs divisions en interne", explique Elena Volochine, envoyée spéciale de France 24 à Erevan.
Depuis le 13 avril, l'Arménie est plongée dans une crise politique sans précédent : des manifestations de plusieurs dizaines de milliers d'opposants pro-Pachinian avaient provoqué, le 23 avril, la démission de Serge Sarkissian, qui venait d'être élu Premier ministre six jours auparavant par les députés, après avoir été le chef de l'État pendant dix ans.
Avec AFP et Reuters