
Lors de la deuxième journée du Sommet des Amériques à Lima, une majorité de pays a soutenu les frappes occidentales en Syrie. Les participants sont en revanche restés divisés sur le Venezuela, où la présidentielle doit avoir lieu en mai.
Une majorité des 33 pays du Sommet des Amériques a soutenu samedi 14 avril les frappes occidentales en Syrie. Ils se sont en revanche divisés sur le Venezuela, la moitié du groupe, États-Unis en tête, avertissant qu'elle considèrerait la présidentielle vénézuélienne de mai comme "illégitime" sans participation de l'opposition.
En ciblant durant la nuit de vendredi à samedi le régime de Bachar al-Assad qu'ils accusent d'une attaque chimique le 7 avril, les États-Unis ont envoyé "un message clair au régime syrien", a défendu le vice-président américain Mike Pence lors de la session plénière du Sommet. Représentant Donald Trump, qui a renoncé au voyage pour se consacrer à la crise syrienne, Mike Pence a multiplié samedi les entretiens bilatéraux avec les dirigeants du continent, où ces attaques menées conjointement avec la France et le Royaume-Uni ne font pas l'unanimité.
Traditionnellement critiques envers Washington, la Bolivie, Cuba et le Venezuela se sont montrés les plus virulents. Le président bolivien Evo Morales a dénoncé "l'attaque irréfléchie de Trump contre le peuple frère de Syrie". Cuba a estimé que cette "attaque atroce" "constitue une violation d'un État souverain, qui aggrave le conflit". Et Caracas a fustigé une attaque "impitoyable et injustifiée".
Mais les responsables d'autres pays de la région ont surtout appelé à la prudence, comme le président brésilien Michel Temer qui a exprimé sa "profonde préoccupation face à l'escalade du conflit militaire en Syrie". Son homologue mexicain Enrique Peña Nieto a dénoncé les attaques chimiques, demandant la fin du recours à "ces instruments aux conséquences si cruelles" "à travers le droit international". "Nous soutiendrons toujours les actions pour punir son usage et chercher son éradication, mais nous lançons aussi un appel à la paix", a dit le président colombien Juan Manuel Santos.
Washington veut isoler le Venezuela
Le vice-président américain Mike Pence a également mené la charge contre le Venezuela, en pleine crise politique, économique et humanitaire, qu'il a qualifié d'"État essentiellement défaillant", répétant que les États-Unis ne resteraient "pas sans rien faire face à un Venezuela qui s'effondre".
Le conclave régional a déclaré le président Nicolas Maduro persona non grata mais n'a pu se mettre d'accord sur une déclaration commune, le groupe incluant des pays alliés du Venezuela comme Cuba et la Bolivie. "Ils voulaient nous exclure du sommet et ce qu'ils ont obtenu est un échec. Ce fut un échec total", a réagi Nicolas Maduro dans un discours à Caracas devant quelques-uns de ses partisans.
Les États-Unis et les 16 pays du groupe de Lima, dont la Colombie, le Brésil, l'Argentine et le Chili, ont exigé, dans une déclaration commune, une élection présidentielle "avec des garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent et démocratique, sans prisonniers politiques". L'élection devra, selon eux, "inclure la participation de tous les acteurs politiques vénézuéliens", dont l'opposition au président Nicolas Maduro.
Washington cherche à établir "des sanctions supplémentaires, davantage d'isolement et de pression diplomatique" contre Caracas, afin de faire "reconnaître que le Venezuela est une dictature", a déclaré Mike Pence, qui a transmis le soutien de Donald Trump à un groupe d'opposants vénézuéliens à Lima.
Mike Pence a aussi annoncé une aide humanitaire supplémentaire américaine de 16 millions de dollars, destinée aux Vénézuéliens - plusieurs centaines de milliers - qui ont fui vers d'autres pays d'Amérique latine. "5 000 Vénézuéliens fuient chaque jour leur pays dans le plus important exode de notre hémisphère", a-t-il affirmé, ajoutant que "neuf Vénézuéliens sur dix sont désormais pauvres".
Avec AFP