Le candidat de centre gauche, Carlos Alvarado, ancien ministre, écrivain et candidat du parti au pouvoir, a remporté dimanche la présidentielle au Costa Rica, notamment sur la promesse de défendre les droits des homosexuels.
C'est un ancien journaliste qui aime chanter. L'ancien ministre du Travail, Carlos Alvarado Quesada, 38 ans, candidat de centre gauche, a été élu dimanche 2 avril pour quatre ans à la tête du Costa Rica, pays plus divisé que jamais sur le mariage gay et la religion.
Avec 60,7 % des voix, selon des résultats portant sur plus de 95 % des voix annoncés officiellement dimanche soir, il devance son adversaire, le pasteur évangéliste Fabricio Alvarado (sans lien de parenté), qui a obtenu 39,3 %.
Dans la foulée, le candidat conservateur de 43 ans, fermement opposé au mariage homosexuel, a reconnu sa défaite lors d'un discours devant ses supporters et appelé son adversaire pour le féliciter. "Nous n'avons pas gagné les élections, mais nous pouvons accepter ce résultat la tête haute", a-t-il déclaré, avant de "remercier Dieu en premier".
À l'annonce des résultats, les partisans de Carlos Alvarado massés sur une place de la capitale ont hurlé de joie, agitant drapeaux jaunes et rouges aux couleurs du Parti action citoyenne (PAC, la formation au pouvoir).
"C'est la victoire du candidat qui prônait un discours d'amour et de tolérance", s'est réjoui Rodrigo Echeverria, 48 ans, sorti dans la rue fêter le résultat.
Le mariage gay en ligne de fracture
Au contraire de Fabricio, Carlos Alvarado propose plus d'intervention de l'État dans l'économie et est favorable aux unions entre personnes du même sexe.
Tandis que le candidat évangéliste votait, un groupe de femmes manifestait dans la rue contre son conservatisme religieux. "Nous protestons contre le fondamentalisme", a expliqué à l'AFP Gabriela Clark, militante du mouvement "Nous nous appartenons".
"Nous voulons non seulement préserver la démocratie, la paix et le respect de la nature mais aussi projeter le Costa Rica vers l'avenir", a déclaré de son côté Carlos Alvarado, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.
Les deux candidats, tous deux d'anciens journalistes aimant pousser la chansonnette, étaient au coude-à-coude dans les sondages. À la différence de son opposant Fabricio, également ancien député et candidat du parti Restauration nationale (RN, évangélique), vedette de la musique chrétienne, le candidat du Parti action citoyenne (PAC, la formation au pouvoir) préfère le rock et a appartenu à un groupe dans sa jeunesse.
Polarisation du vote
"C'est la première fois qu'une élection au Costa Rica se polarise sur des sujets religieux et de droits de l'Homme", souligne l'analyste Gustavo Araya, de la Faculté latino américaine de sciences sociales (Flacso).
Leur quasi-égalité dans les sondages avant le deuxième tour montre selon lui que "la population ne sait pas encore quel modèle de développement elle souhaite" pour ce petit pays vivant de l'écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique.
Le Costa Rica est considéré comme l'un des pays les plus progressistes de la région, avec un taux d'alphabétisation de 97,5 % et un investissement supérieur à 7 % du PIB dans l'éducation, selon l'Unesco.
L'indice de développement humain de l'ONU en 2016 place ce pays centre-américain en 66e position dans le monde et en 3e place en Amérique latine.
Le 9 janvier, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme (Cour IDH), institution émanant de l'Organisation des États américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage homosexuel, marquant une évolution majeure en Amérique latine.