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Mondial-2018 : la défense, chantier prioritaire des Bleus de Deschamps

La courte défaite concédée par les Bleus face à la Colombie (2-3), vendredi 23 mars au Stade de France, a mis en lumière les errements d’une défense toujours en chantier. À moins de trois mois du Mondial, centraux et latéraux peinent à convaincre.

"Dans les intentions, on n’était pas là." Au soir du revers de l’équipe de France de football, vendredi 23 mars, face à la Colombie (2-3), l’analyse du sélectionneur Didier Deschamps n’avait souffert d’aucune équivoque. Quatre jours plus tard, face à la Russie à Saint-Pétersbourg (17 h 50, heure de Paris), les Bleus vont tenter d’atténuer quelque peu l’immense déception née de leur deuxième mi-temps catastrophique face aux "Cafeteros".

Mais à moins de trois mois du coup d’envoi de la Coupe du monde 2018 (14 juin - 15 juillet), les coéquipiers d’Antoine Griezmann ont encore du boulot, et si les chantiers sont multiples, la défense constitue l’un des axes de travail prioritaire du staff. Au stade de France, vendredi soir, elle fut le symbole de la faillite collective des Bleus face aux Colombiens.

Les chiffres sont incontestables. Sur l’année 2017, la défense française a systématiquement concédé au moins deux buts chaque fois qu'elle s'est confrontée à des adversaires également mondialistes. L'Espagne (0-2), la Suède (2-1), l'Angleterre (3-2 pour les Bleus), l'Allemagne (2-2) et la Colombie (2-3) ont successivement profité des atermoiements des éléments défensifs alignés par Deschamps.

Charnière décharnée

Au premier rang des contestés, la charnière centrale composée de Raphaël Varane (24 ans, Real Madrid) et Samuel Umtiti (24 ans, FC Barcelone). En club, alignés aux côtés de défenseurs expérimentés – Sergio Ramos pour le premier, Gerard Piqué pour le second – les deux joueurs ne souffrent d’aucune contestation ou presque. En sélection, l’équation est très différente.

Alignés ensemble pour la cinquième fois la semaine passée, les jeunes pousses français peinent à trouver leurs marques (7 buts encaissés). Malgré ses 40 sélections, Varane n’est toujours pas parvenu à endosser le costume de patron qui manque à son registre. "Le leadership, ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain. Raphaël a beaucoup progressé dans ce domaine-là", tempère toutefois Deschamps, tout en reconnaissant que "sur ce match-là [face à la Colombie, NDLR], il s'est retrouvé, sur le plan personnel, un peu plus en difficulté". Et en l’absence d’un "roc" à ses côtés, Umtiti n’a pas non plus brillé, concédant notamment un penalty évitable en fin de rencontre.

Le salut de la charnière bleue passe-t-elle par un retour de Laurent Koscielny aux affaires ? Difficile à dire, mais le défenseur inamovible des Bleus à l’Euro-2016 a marqué des points sans même jouer la semaine passée. À 32 ans et malgré ses 50 sélections, Deschamps semblait vouloir n'en faire que le troisième homme dans l’axe. Mais même s’il vit une saison compliquée avec Arsenal, son tempérament de guerrier a cruellement fait défaut aux Bleus en deuxième période, face aux "Cafeteros".

Reste enfin l’inconnue Presnel Kimpembé (22 ans). Réclamé par de nombreux observateurs, le jeune défenseur du PSG n’a toujours pas joué la moindre minute en bleu, malgré sa présence régulière parmi les 23. Peu enclin aux expérimentations à quelques mois d’une échéance majeure, tout porte à croire que "DD" voit en lui une solution d’avenir plus qu’une option à court terme.

Dommage latéral

Si de gros doutes subsistent dans l’axe, que dire des côtés ? Dans une interview donnée à l’AFP à l’automne dernier, le directeur technique national Hubert Fournier reconnaissait sans détours le déficit de latéraux en France : "C'est peut-être le poste qui a le plus évolué sur les cinq dernières années. En termes de formation, on n'a peut-être pas suivi la tendance. Ce n'est pas simple, cela demande du temps."

À défaut de temps, les Bleus font donc avec les moyens du bord. À gauche, l’émergence de Benjamin Mendy avait offert à la sélection une solution toute trouvée. Transféré de Monaco à Manchester City pour 58 millions d’euros l’été dernier, le Normand semblait indéboulonnable… jusqu’à sa rupture des ligaments croisés du genou droit, en septembre dernier. Depuis, Mendy a entamé une course contre la montre. Si son retour est prévu début avril, il devra cravacher pour être à 100 % dès les premières joutes en Russie.

D’autant que derrière, la concurrence ne se bouscule pas au portillon. Premier de cordée, Lucas Digne est clairement en manque de temps de jeu (6 titularisations en Liga avec le FC Barcelone). Quant à Layvin Kurzawa, auteur d’une saison manquée avec le PSG, il n’a même pas été retenu dans le groupe pour les duels printaniers. Deschamps, qui a appelé pour la première fois Lucas Hernandez (Atletico Madrid), pourrait voir en lui un sauveur de dernière minute.

À droite, le bilan est à peine plus reluisant. Très séduisant dans la moitié de terrain adverse, Djibril Sidibé l’est beaucoup moins en position défensive. Enrhumé régulièrement par Luis Muriel face à la Colombie, le Monégasque a fait étalage de toutes ses limites derrière, même s’il n’a pas non plus été aidé par le repli défensif très approximatif de Kylian Mbappé tout au long du match.

Benjamin Pavart, le défenseur polyvalent de Stuttgart, assume pour le moment le rôle de doublure, mais là encore, ses états de service ne permettent pas d’en faire un titulaire en puissance, ni même un remplaçant de luxe. Au point d’aller piocher chez les anciens ? Mathieu Debuchy, 27 sélections, déclarait il y a peu avoir le Mondial-2018 "dans un coin de sa tête". Le staff des Bleus, qui n'a plus fait appel à lui depuis septembre 2015, pourrait être tenté par un retour de celui qui a été élu joueur du mois de février en L1 avec Saint-Étienne. Une interrogation qui sera levée, comme les autres, le 15 mai prochain, date à laquelle Didier Deschamps dévoilera le nom des 23 élus et leurs suppléants.