Vladimir Poutine a été sacré, dimanche, par les urnes lors d'une présidentielle qui était gagnée d'avance. De son côté, l'opposition accuse le pouvoir d'avoir gonflé la participation pour légitimer un scrutin sans suspense.
L'élection du dimanche 18 mars était gagnée d'avance pour Vladimir Poutine. À 65 ans, dont plus de dix-huit au pouvoir, le président sortant a fait de la participation sa principale bataille, bien qu'il était assuré de remporter haut la main un quatrième mandat courant jusqu'à 2024.
Plus de 107 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. L'agence publique TASS a fait état de taux de participation dépassant 60 %, voire 70 %, dans l'Extrême-Orient russe, où le vote s'est terminé plus tôt compte tenu du décalage horaire.
Selon la correspondante de France 24 à Moscou Elena Volochine, le taux de participation s'élevait à 52 % à 17 h (15 h à Paris), quatre points de plus que pour le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en 2012, après quatre ans au poste de Premier ministre.
L'enjeu de la participation
Faute de suspense et vu les appels au boycott de l'opposition, le Kremlin a tout fait pour que la participation, seul véritable baromètre de ce scrutin, soit aussi forte que possible dimanche. Une campagne massive d'information et d'incitation au vote a ainsi été lancée et les autorités ont également facilité le vote hors du lieu de résidence. Selon des médias, des pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller aux urnes ont aussi été signalées.
L’envoyé spécial de France 24 Raphaël Kahane a aussi pu constater que tout avait été fait pour motiver les électeurs à se rendre aux urnes. "Nous avons entendu autour de nous des récits de Russes qui nous ont montré un billet de concert ou de spectacle qu’ils ont reçu pour les inciter à venir. On les a fait venir en masse également en car. Tout est fait pour doper ce taux de participation, car de cela dépendra la légitimité de Vladimir Poutine".
Bourrage d'urnes
L'ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections et qui dresse une carte des fraudes sur son site Internet, faisait état vers 15 h GMT de 2 288 cas d'irrégularités tels que du bourrage d'urnes, des cas de votes multiples ou des entraves au travail des observateurs.
Le mouvement du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui affirme avoir dépêché plus de 33 000 observateurs dans les bureaux de vote, a rapporté également des centaines de cas de fraudes, surtout dans le Caucase du Nord ou dans la région sibérienne de Kemerovo, réputée pour ses mines de charbon et ses grandes industries métallurgiques. "Ils ont besoin de participation. Le résultat, c'est que la victoire de Poutine avec plus de 70 % [des voix] a été décidée d'avance", a expliqué à la presse l'opposant écarté de l'élection en raison d'une condamnation judiciaire, assurant que la participation réelle était inférieure à celle de 2012.
Avec AFP