
Le nouveau chef des Tigres, Selvarasa Pathmanathan, a été interpellé et "se trouve aux mains des autorités sri-lankaises", affirme le ministère de la Défense. Le lieu et les circonstances de cette arrestation restent flous.
Déjà mis à mal par l’assaut mené, en mai dernier, par l’armée sri-lankaise, les Tigres tamouls essuient un nouveau revers. Jeudi, Colombo a annoncé avoir interpellé leur nouveau leader, Selvarasa Pathmanathan.
"Pathmanathan a été arrêté le 5 août dans un pays d’Asie du Sud. Il fait l'objet d'un interrogatoire au Sri Lanka", a confirmé à FRANCE 24 le brigadier Udey Nanyakkara, un porte-parole de l’armée sri-lankaise. Une annonce qui intervient à la veille d’élections locales cruciales, les premières organisées dans le Nord du pays depuis 1998.
Nanyakkara a refusé de préciser les circonstances dans lesquelles Pathmanathan, établi à l’étranger, a été interpellé. Les premières informations révélaient qu’il avait été arrêté en Thaïlande, ce que Bangkok a immédiatement démenti. Dans un communiqué, le mouvement de Libération des Tigres de l’Eelam tamoul (LTTE) a fait savoir que le nouveau leader rebelle avait été arrêté près d’un hôtel de Kuala Lumpur, en Malaisie, et remis à l’armée sri-lankaise.
Pathmanathan a été capturé peu de temps après sa nomination à la tête du LTTE. Il y a 15 jours, l’organisation avait envoyé un communiqué déclarant que Pathmanathan succédait au leader suprême Velupullaï Prabhakaran, tué en mai dernier lors des combats avec l’armée. Cette opération militaire d’envergure, qui avait porté un coup fatal au mouvement rebelle, avait mis fin à près de 30 ans de guerre ethnique.
Selon les Nations unies, les trois décennies de conflit ont fait au moins 80 000 morts et 300 000 déplacés.
Chargé des relations internationales au sein du LTTE, Pathmanathan est accusé de contrebande d'armes. Et fait galement l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux.
Renaître depuis l’étranger
Le jeudi 6 août, le Premier ministre sri-lankais, Ratnasiri Wickremanayake, avait prévenu que les rebelles, basés depuis deux mois à l’étranger, "tentaient de se regrouper derrière un nouveau leader”.
“Dorénavant, le mouvement rebelle est totalement éradiqué au Sri Lanka, affirme à FRANCE 24 Jehan Perera, directeur de l’ONG National Peace Council. Leur structure est complètement anéantie. La seule chose qu’il leur rester à faire est d’hiberner.”
Bien qu’affaibli, le mouvement reste bien organisé et dispose encore d’un navire, de plusieurs avions et de milliers de combattants. Dans un communiqué, dont le lieu de diffusion demeure indéterminé, les Tigres avaient affirmé vouloir modifier leur stratégie et avoir érigé un quartier général. Le 22 juillet, le LTTE avait annoncé, dans un entretien exclusif accordé à la chaîne britannique Channel 4, vouloir se ranger derrière le principe de non-violence afin d’aboutir à la création d'un État autonome, leur objectif final.
Le groupe est également soutenu par une diaspora forte de 800 000 personnes, présentes en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et dans d’autres parties du monde. De quoi laisser craindre, selon Jehan Perera, une possible résurrection du mouvement.
Le gouvernement sri-lankais et les organisations de défense de droits de l’Homme, comme Human Rights Watch, ont souvent accusé les Tigres tamouls d’exploiter la diaspora pour lever des fonds et faire vivre la guérilla.