
Peter Madsen, accusé d'avoir tué sur son sous-marin la journaliste suédoise Kim Wall, dont il a reconnu avoir jeté en mer le corps mutilé et démembré, s'est de nouveau déclaré innocent du meurtre, jeudi, à l'ouverture de son procès.
C'est le procès hors norme d'un huis clos macabre qui s'est ouvert, jeudi 8 mars, à Copenhague. Celui de l'inventeur danois, Peter Madsen, qui doit répondre de l'assassinat de la journaliste suédoise Kim Wall venue l'interviewer en août 2017 sur son sous-marin.
Le créateur du sous-marin, dans lequel se sont déroulés les faits, le 10 août 2017, a affirmé que la jeune femme avait succombé à des gaz toxiques libérés lors d'une soudaine dépressurisation de l'habitacle.
Selon ses déclarations à la cour, une soudaine chute de pression d'air aurait créé un phénomène d'aspiration qui aurait fait tomber le panneau de l'écoutille, piégeant Kim Wall dans le sous-marin qui se remplissait alors d'échappements toxiques tandis que Peter Madsen se trouvait sur le pont, impuissant.
"J'essaie d'expliquer à Kim à travers l'écoutille comment arrêter les moteurs, pendant 5 à 15 minutes j'essaie d'entrer pour venir à son secours. […] Quand j'ai enfin réussi à ouvrir le panneau d'écoutille, un nuage de chaleur me prend au visage. Je la trouve inanimée sur le sol, je reste près d'elle et j'essaie de la faire revenir à elle, je lui donne des tapes sur les joues, je tâte son pouls", affirme-t-il. En vain.
Sous-marin sabordé
Constatant la mort de la jeune femme, montée à bord pour l'interviewer, il assure avoir décidé de se suicider. Finalement, il "[dort] près d'elle pendant environ deux heures". Selon l’accusation, il saborde alors son sous-marin. C’est à ce moment qu’il est arrêté par la police danoise.
Si Peter Madsen reconnait avoir décapité, démembré et jeté en mer le corps de Kim Wall, il nie l'avoir violentée, agressée sexuellement et tuée intentionnellement. L'autopsie n'a pas permis de déterminer la cause de la mort de la journaliste. Selon le parquet, elle a été étranglée ou égorgée.
Au tribunal de Copenhague, Peter Madsen a expliqué avoir changé de version à plusieurs reprises pour "épargner" aux proches de la jeune femme les circonstances "terribles" de sa mort.
Le procureur a présenté les pièces matérielles à charge : le corps décapité, mutilé, démembré et lesté de pièces de métal de Kim Wall retrouvé après sa disparition en plusieurs endroits dans la baie de Køge séparant le Danemark de la Suède, son sang dans le sous-marin et sur le nez de Peter Madsen, la scie à bois retrouvée elle aussi en mer et qui aurait servi à découper le cadavre.
"Des traits psychopathiques"
L'accusation soutient que Peter Madsen a torturé et tué la journaliste afin de satisfaire un fantasme sexuel, ce qu'il nie. Aucun mobile n'apparaît cependant clairement. L'avocate de la défense, elle, a souligné le manque de preuves concernant le meurtre et la préméditation.
L'analyse psychologique de Madsen, citée jeudi par le procureur, le décrit comme "pervers polymorphe et sexuellement déviant", présentant des "traits psychopathiques". Des témoins, dont plusieurs ex-liaisons, décrivent un homme nourrissant de multiples perversions sexuelles, adepte de scénarios sado-masochistes, pratiquant des simulacres d'étranglement.
L'étude du disque dur saisi dans son atelier a révélé des vidéos de femmes violées, assassinées, brûlées. Dans la matinée du 10 août, quelques heures avant le drame, Madsen a fait des recherches sur des décapitations de femmes. Le 26 juillet, il a également recherché des "décapitations de femmes" et a regardé des vidéos.
Pourquoi, lui a demandé le procureur. "Ce n'est pas sexuel. Je regarde ces vidéos pour pleurer et éprouver des émotions", a répondu Peter Madsen. Le verdict est attendu le 25 avril.
Avec AFP