Le régime de Bachar al-Assad poursuit son offensive sur le fief rebelle de la Ghouta orientale et a déployé des renforts mardi. Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé l'application du cessez-le-feu ignoré depuis dix jours.
Le régime syrien a encore accru la pression sur le fief rebelle dans la Ghouta orientale, mardi 6 mars, en déployant plusieurs centaines de combattants en renfort. L'étau se resserre sur l'enclave située aux portes de Damas, soumise à une vaste offensive du régime de Bachar al-Assad depuis mi-février.
Zeid Ra'ad al-Hussein, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, accuse le régime de planifier "l'apocalypse" dans le pays en guerre. Le Conseil de sécurité des Nations unies a réclamé l'application du cessez-le-feu ignoré depuis dix jours.
Après deux semaines de bombardements intensifs, le pouvoir syrien a intensifié ses opérations au sol et contrôle désormais plus de 40 % de la Ghouta orientale, au prix de la mort de plus de 800 civils depuis le 18 février, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres.
Soutenu par l'allié russe, Damas n'a jamais caché sa détermination à reconquérir l'intégralité de ce fief, le dernier à échapper à son emprise aux portes de la capitale, et où les 400 000 habitants assiégés depuis 2013 subissent de graves pénuries de nourriture et de médicaments.
Les forces du régime progressent actuellement vers la grande ville de Douma et les localités de l'ouest de l'enclave rebelle, après avoir reconquis des secteurs dans l'est et le sud-est, d'après l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.
Couper l'enclave en deux
Mardi soir, des centaines de combattants prorégime ont été envoyés en renfort, se déployant sur les fronts d'Al-Rihane, dans le nord-est de l'enclave, et de Harasta, dans l'ouest, selon l'ONG.
"Au moins 700 combattants provenant d'Alep (nord) et appartenant à des milices afghane, palestinienne et syriennes loyales au régime ont été envoyés", a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'objectif du régime est de scinder l'enclave en deux, en isolant le secteur nord et Douma du sud, a-t-il ajouté. Les forces loyalistes se trouvent à ce stade aux abords de plusieurs localités, notamment Misraba, Beit Sawa, Jisrine ou encore Hammouriyé.
Une nouvelle "phase d'horreur"
Mercredi, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al-Hussein, a accusé le régime de planifier "l'apocalypse" en Syrie, estimant que le conflit qui ravage le pays depuis 2011 est entré dans une nouvelle "phase d'horreur".
Lors d’une rencontre à huis clos mercredi, tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont réclamé l'application du cessez-le-feu exigé en Syrie et ignoré depuis dix jours. Les membres du Conseil de sécurité ont également réclamé de manière "unanime" que le nouveau convoi humanitaire prévu jeudi "parvienne bien à la Ghouta" et que de l'aide puisse être acheminée "tous les jours", a précisé un diplomate s'exprimant sous couvert d'anonymat.
La rencontre avait été convoquée "en urgence" à la demande du Royaume-Uni et de la France, avec l'objectif de faire pression sur la Russie.
À ce jour, des raids aériens se poursuivent en dépit d'une trêve quotidienne de cinq heures (de 7 h à 12 h GMT) décrétée par Moscou il y a plus d'une semaine, tandis que l'aviation russe a accru sa présence dans l'espace aérien, selon Rami Abdel Rahmane. "Les frappes aériennes et les tirs d'artillerie se concentrent sur les fronts, et, dans une moindre mesure, sur les zones résidentielles", a-t-il précisé.
Le scénario dans la Ghouta n'est pas sans rappeler celui de 2016 à Alep, où les rebelles avaient dû abandonner leur fief après un siège et des bombardements dévastateurs du régime et de Moscou.
Un nouveau convoi humanitaire jeudi
L'enclave rebelle représente un tiers seulement de la vaste région agricole de la Ghouta orientale. Les deux-tiers restants sont aux mains du régime. Malgré les combats et le déluge de feu meurtrier, l'ONU doit tenter jeudi d'envoyer un nouveau convoi d'aide humanitaire. Lundi soir, un premier convoi avait dû abréger sa mission en raison des bombardements sur Douma.
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit en Syrie s'est peu à peu complexifié, avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères. Il a fait plus de 340 000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
Avec AFP