logo

RD Congo : près de 50 morts en Ituri, des milliers de déplacés

Des affrontements entre éleveurs Lendu et agriculteurs Hema ont fait au moins 49 victimes dans le nord-est de la RD Congo vendredi. D'après l'Unicef, 76 personnes ont été tuées depuis décembre, et plus de 70 villages ont été incendiés

Les violences communautaires se poursuivent en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RD Congo), où au moins 49 personnes ont été tuées dans la nuit du jeudi au vendredi 2 mars.

"On a compté 49 corps et l'on en recherche encore d'autres", a déclaré vendredi l'abbé Alfred Ndrabu Buju, directeur de l'ONG catholique Caritas à Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri. Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur Henri Mova avait fait état d'un bilan de 33 morts. Le gouverneur de la province, ainsi que le chef de bureau à Bunia de la Mission de l'ONU en RD Congo (Monusco) s'est rendu à Djugu, a indiqué la porte-parole de la mission, Florence Marchal.

Selon plusieurs témoignages, les assaillants, présentés comme des éleveurs Lendu, se sont attaqués à des agriculteurs Hema.

"Un véritable carnage"

Selon des sources concordantes, l'attaque s'est déroulée en deux temps. La première a eu lieu jeudi en début d'après-midi et a été repoussée par les forces régulières. Selon l'abbé Alfred Ndrabu, un des gourous spirituels de la communauté Lendu a été tué à cette occasion. Un grand nombre d'assaillants sont arrivés deux heures et demi plus tard, lançant des attaques simultanées dans les villages de Maze et Mbunja.

Un coordinateur de la société civile, Banza Charité, s'est étonné qu'un tel massacre ait pu avoir lieu alors qu'un important déploiement de l'armée congolaise est observée dans la zone depuis quelques jours.

"Les assaillants ont investi le village et se sont livrés à un véritable carnage", a déclaré Banza Charité, un responsable de la société civile locale. Plusieurs maisons auraient été incendiées. Selon l'abbé Alfred Ndrabu, "un enfant victime de l'attaque a été reçu ce matin à l'hôpital général de Drodro avec une flèche dans la tête".

76 morts depuis décembre

Le différend foncier qui oppose Hema et Lendu en Ituri est l'un des nombreux conflits qui ensanglante l'est de la RD Congo. En 1999, il avait dégénéré en massacres entre les deux communautés, qui disposaient alors chacune d'une branche armée. Les combats avaient fait plus de 60 000 morts et 600 000 déplacés, selon Human Rights Watch, entraînant en 2003, l'intervention de la force européenne Artemis, qui avait mis fin aux attaques.

Les violences ont repris fin 2017. D'après l'Unicef, 76 personnes ont été tuées à l'arme blanche depuis décembre, plus de 70 villages ont été incendiés. Quelques 200 000 personnes ont fui les affrontements, selon des sources humanitaires, dans un pays qui compte déjà plus de quatre millions de déplacés.

Plus de 28 000 Congolais, en majorité des femmes et des enfants, ont ainsi traversé le lac Albert pour se réfugier en Ouganda où leur situation est précaire : 26 d'entre eux sont morts de diarrhée aiguë courant février.

"Certaines milices empêchent les réfugiés de traverser le lac, et il y a encore beaucoup de gens déplacés dans les villages" situés du côté congolais, selon Joyce Munyonyo-Mbithi, du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en Ouganda.

Avec AFP

Tags: RD Congo, Monuc,