Un an après la guerre entre Moscou et Tbilissi pour le contrôle de l'Ossétie du Sud, la Russie dénonce le réarmement par les États-Unis de la Géorgie alors que Washington assure œuvrer à désamorcer le conflit.
A la veille de l’anniversaire de la guerre éclair entre la Russie et la Géorgie, qui avait éclaté le 7 août 2008, les tensions entre les deux pays limitrophes sont toujours palpables.
"Un an après le conflit, la région reste instable et fragile", a déclaré jeudi Dora Bakoyannis, la présidente de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Les camps russes et géorgiens s’accusent notamment de se réarmer dans le but de lancer une nouvelle offensive militaire. Mercredi, la secrétaire du Conseil géorgien à la sécurité nationale, Eka Tkeshelashvili, révélait à l’AFP que le président américain Barack Obama s'était entretenu avec son homologue russe Dmitri Medvedev afin de désamorcer les tensions entre Russes et Géorgiens.
Lundi, Tbilissi a fait savoir que trois grenades RPG avaient été tirées de l’Ossétie du Sud sur un village géorgien, sans faire de blessé. De son côté, l'Ossétie du Sud a accusé les forces géorgiennes d'avoir tiré au mortier, ce que dément Tbilissi. En guise de riposte, le chef de l’Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, a ordonné la fermeture du dernier point de passage par lequel les habitants d'origine géorgienne de la région d'Akhalgori, à dominante géorgienne, avaient jusqu'ici le droit de passer.
La Russie n’a pas tardé à répliquer. Andreï Nesterenko, porte-parole du ministre russe des Affaires étrangères, déclarait mardi que, face aux provocations géorgiennes, la Russie allait "accentuer le degré de préparation au combat des soldats et garde-frontières russes" dans les régions géorgiennes sécessionnistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie.
Reconstruire une capacité défensive conforme aux normes de l'Otan
Cyril Vanier, l'envoyé spécial de FRANCE 24 en Géorgie, souligne que, malgré les coups de feu tirés durant la semaine écoulée, "il n’y a aucune raison de penser qu’une offensive militaire est en train de se préparer d’un côté ou de l’autre".
"Même si pour la communauté internationale, l’Ossétie du Sud fait toujours officiellement partie de la Géorgie, la plupart des habitants parlent russe, ont des passeports russes, paient en roubles, la monnaie russe", ajoute le journaliste. Selon lui, un an après la première tentative militaire géorgienne pour récupérer l’Ossétie du Sud, "on voit mal comment la Géorgie peut reprendre le contrôle" de ce territoire séparatiste.
Mikhaïl Saakachvili exclut cette option. Dans un entretien avec FRANCE 24 le 4 août, il affirmait que "la Géorgie n'a ni intention ni possibilité d'attaquer la Russie. Ce serait un suicide total." Des déclarations confirmées par Eka Tkeshelashvili mercredi. La Géorgie ne fait que reconstruire une capacité défensive conforme aux normes de l'Otan, dont elle aspire à devenir membre, soulignait-elle, ajoutant que ces initiatives étaient parfaitement vérifiables par les observateurs déployés par l'Union européenne aux frontières des zones sécessionnistes.
Toutefois, Salomé Zourabichvili, ex-ministre géorgienne des Affaires étrangères, affirme jeudi dans le Parisien que "en poussant la Russie à intervenir, Saakachvili redeviendrait une victime et pourrait mobiliser les Géorgiens derrière lui et faire taire l’opposition" qui manifeste contre lui depuis le 9 avril 2009.
La Russie "qui n’a pas d’intérêt rationnel à redémarrer une guerre", selon Salomé Zourabichvili, a tout de même déclaré mardi qu’elle avait accru le niveau d'alerte de ses troupes dans les régions géorgiennes sécessionnistes.
Un conflit de 5 jours qui aura fait 100 morts
Le 7 août 2008 éclatait la guerre du Caucase. La tentative par la Géorgie de reprendre le contrôle sur l’Ossétie du Sud, territoire séparatiste, déclenche la colère du géant russe. Les deux républiques séparatistes, l’Abkhasie et l’Ossétie du Sud, avaient déclaré unilatéralement leur indépendance à la chute de l'URSS au début des années 1990.
La guerre qui n’a duré que 5 jours a fait 100 morts. Après quatre jours de combat, la Russie a déclaré que les troupes russes resteraient sur les positions définies par l'accord de 1992 pour garantir la paix dans la région. Un cessez-le-feu a été signé le 16 août, sans résoudre réellement les questions ossètes et abkhases.
L’Union européenne a envoyé quelques 240 observateurs, non armés, afin de garantir le respect du cessez-le-feu. Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles fin juillet ont décidé de prolonger leur mission prolongation jusqu'au 14 septembre 2010.